(VOVworld) - Le patriotisme, la vertu, l’intelligence… Autant de valeurs que le général incarnait et continue d’incarner.


Ces longues files silencieuses d’hommes et de femmes venus lui offrir un dernier adieu dans la semaine qui a précédé ses obsèques officielles… Toutes ces photos et tous ces commentaires élogieux qui ont inondé les réseaux sociaux avant même l’annonce de son décès par la presse officielle… Rarement la disparition d’une personne n’aura suscité une telle vague d’émotion.    

Cette vague d’émotion, qui a submergé le monde entier restera le dernier exploit du général Võ Nguyên Giáp, l’homme des faits d’armes retentissants, qui n’en finit plus de façonner sa légende, même au-delà de la mort. Il serait superflu d’évoquer ici tous les succès qu’il a remportés sur les champs de bataille ou de brosser son portrait : il est d’ores-et-déjà une icône.   

Le seul fait, pour Võ Nguyên Giáp, d’être regretté et admiré par ses ennemis d’hier, vaut sans doute mieux qu’un éloge funèbre ou qu’une épitaphe. Mais son ultime exploit reste à méditer, car c’est bien un exploit qu’il a accompli en poussant son dernier soupir et en rassemblant tout un peuple autour des valeurs dont, post-mortem, il demeure l’une des plus hautes incarnations.   

Avec nos valeurs morales qui sont en perdition, c’est une crise de confiance qui s’est instaurée, aussi bien au sein de la société qu’en chacun de nous, qui sommes chaque jour de plus en plus désemparés. Et pourtant, il y avait de l’espoir, chez tous ceux qui sont venus rendre un dernier hommage au général : l’espoir de voir revivre toutes ces valeurs - le patriotisme, la vertu, l’intelligence - qu’il incarnait si bien et auxquelles personne, au fond, n’a vraiment cessé de croire.    

Il est peu de dire que le monde dans lequel nous vivons est rongé par un matérialisme impitoyable qui pousse les uns à se lancer dans une course frénétique à l’enrichissement tandis que les autres sont condamnés à n’être que les éternels laissés pour compte. Mais il suffisait d’entendre tous ces gens parler avec dévotion de « leur » général pour comprendre que celui-ci avait su redonner de la fierté aux plus humbles.     

Cet espoir, cette fierté n’ont jamais cessé d’exister. Beaucoup d’entre nous font d’ailleurs de louables efforts pour que la confiance, aussi ténue soit-elle parfois, reste notre compagne de route comme elle a toujours été celle du général.    

Qui, néanmoins, n’a jamais ressenti le découragement s’insinuer en lui ? Eh bien, pour tous ceux-là, pour tous ceux qui doutent et qui souffrent, cette ferveur qui se lisait dans tous les regards chagrinés, devant la maison du 30 rue Hoàng Diệu, est le plus beau message d’espoir qui soit. 

Comment, en effet, ne pas croire en l’avenir d’une nation qui sait s’identifier à ses plus grands héros ? Comment de pas croire en l’avenir d’une nation à laquelle chacun de ses citoyens est fier d’appartenir ?    

C’est cette confiance retrouvée que le général Võ Nguyên Giáp nous laisse en héritage, cette même confiance qu’il avait su, jadis insuffler aux combattants de Dien Bien Phu, et qui aujourd’hui nous pousse à regarder vers l’avenir.