(VOVworld)- Le week-end dernier, les ministres des finances de la zone euro ont accepté d’accorder un prêt de 125 milliards de dollars à l’Espagne pour renflouer ses banques. Cette aide a été annoncée au moment où le fonds de stabilisation financière de l’Europe et le mécanisme européen de stabilisation rencontrent des difficultés. Après la Grèce, l’Irlande et le Portugal, l’Espagne est le 4è pays de la zone euro à solliciter l’aide financière de l’Europe. L’opinion publique exprime ses doutes quant à l’efficacité de cette aide à long terme.
4è économie de la zone euro, l’Espagne connaît depuis plusieurs mois les signes d’une économie fragile. Selon un rapport publié en Avril dernier par l’institut espagnol des statistiques, le PIB a baissé de 0,3% au premier trimestre de cette année et le pays a connu une croissance négative pendant 2 trimestres consécutifs. On recense aussi un taux élevé de chômage qui s’élève à 5,6 millions de demandeurs d’emploi sur 46 millions d’habitants. Ce chiffre devrait encore augmenter dans les prochains mois. Le gouvernement espagnol prévoit que cette année, son économie pourraît connaître une baisse de 1,7% et s’accroître de 0,2% en 2013. Et cela sans oublier que le déficit budgétaire sur le PIB s’élevait à 8,9% l’an dernier. Les dettes gouvernementales sur le PIB représentent 70%. Les dettes extérieures ont atteint 90% du PIB en dépassant 1.000 milliards d’euros, soit presque le même niveau que la Grèce, pays le plus vulnérable du monde en terme de faillite. Le taux de dettes mauvaises chez les banques espagnoles s’élève à 8,37%, soit près de 150 milliards d’euros, un record depuis 17 ans.
Sans un secours spontané, l’effrondrement des banques espagnoles paraît inévitable et il laissera des conséquences lourdes pour l’Europe, affectant le redressement de l’économie mondiale.
Dans ce contexte, le plan d’aide européen est accepté par plusieurs pays du monde. Le ministre allemand des finances Wolfgang Schaeuble estime que l’accord sur le crédit à l’Espagne traduit la solidarité de l’Europe. Le ministre japonais des finances Jun Azumi a qualifié le plan de restructuration bancaire de l’Espagne de contribution importante à la stabilité économique. Les économistes reconnaissent aussi que l’adhésion de l’Espagne à la liste des pays bénéficiaires de l’aide européenne est une démarche importante pour réorganiser le système bancaire.
Mais la décision de venir en aide à l’Espagne n’est pas une solution optimale à long terme. Plusieurs estiment que cette aide de 125 milliards de dollars n’aura pour effet que de prévenir le gel à court terme du système financier européen et que cette décision n’engendrera pas de stimulus sur le marché mondial. Le 11 Juin dernier, les investisseurs ont vendu massivement leurs biens, entrainant ainsi la chute importante des principaux indices boursiers aux Etats-Unis. L’indice Dow Jones de 30 groupes économiques a perdu 143 points, soit une baisse de 1,1%. Le Nasdaq et le Standard&Poor 500, l’indice des petites et moyennes entreprises, ont baissé respectivement de 1,7 et de 1,3%. Le prix du pétrole est tombé au plus bas niveau depuis 8 mois, par crainte de récession économique mondiale. Sur le marché de New York, le prix d’un baril de pétrole brut livré en juillet prochain a baissé de 1 dollar 40 centimes en descendant à 82,7 dollars. Depuis Octobre 2011, c’est la première fois que le prix du pétrole est ramené à moins de 83 dollars le baril. A Londres, le prix d’un baril de Brent livré en juillet a perdu 1 dollar 47 centimes en descendant à 98 dollars.
Le paquet d’aide de 125 milliards de dollars à l’Espagne, pays qui détient 12% du PIB de la zone euro, ne vise qu’à ajouter des capitaux supplémentaires nécessaires aux banques espagnoles. Son impact sur le règlement de la crise de la dette publique en Europe est incertain. Il est plus que jamais urgent de trouver une issue globale à la crise de la dette publique en Europe./.
Hông Vân