Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad effectue en ce moment une tournée dans 4 pays d’Amérique latine. Alors que la tension irano-américaine est au plus fort et que l’Iran voit se multiplier des sanctions occidentales à son encontre, ce déplacement vise à gagner un plus grand soutien de la part des pays d’Amérique latine, tant sur le plan politique qu’économique.
Le Vénézuéla, le Nicaragua, Cuba et l’Equateur, les 4 pays visités par le président iranien ont tous des relations plus ou moins glaciales avec les Etats-Unis. Ces dernières années, plusieurs officiels de ces pays se sont aussi rendus à Téhéran pour chercher à établir des liens diplomatiques et économiques avec cette république islamique. Il paraît dès lors logique que le président Ahmadinejad souhaite y trouver des alliés avec lesquels il pourrait faire front contre les Etats-Unis.
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Le président iranien à Caracas, sous l’oeil bienveillant de son homologue vénézuélien |
Caracas est la première destination; un choix loin d’être hasardeux. Rappelons qu’il y a plus d’un an, les Etats-Unis avaient sanctionné la société pétrolière vénézuélienne pour avoir mis à disposition de l’Iran 2 cargos. Plus tard, en 2008, les Etats-Unis avaient sanctionné une banque iranienne à Caracas accusée de financer le programme d’armement de la république islamique. Et récemment, Washington a expulsé la consule générale du Vénézuéla à Miami qui était suspectée d’avoir participé, avec des agents cubains et iraniens, à des attaques contre le réseau d’ordinateurs des principaux organes américains, dont la Maison Blanche, la CIA, le FBI et le Pentagone ; des manipulations qui se seraient déroulées il y a 5 ans, alors que la diplomate assumait ses fonctions d’attachée culturelle du Vénézuéla au Mexique. Juste avant sa tournée, le président iranien n’a pas tari d’éloges pour son homologue vénézuélien qualifié de héros anti-impérialiste et salué pour ses efforts inlassables au service du peuple vénézuélien. Selon lui, c’est Hugo Chavez qui a mis fin à la dépendance politique et économique de son pays des voisins latino-américains. C’est aussi, aux yeux de M.Ahmadinejad, un révolutionnaire anti-hégémonique qui lutte pour l’indépendance, le progrès et l’égalité de son pays. Evidemment, cette coopération entre ces dirigeants “dérangeants” indispose les Etats-Unis, qui ont prévenu l’Amérique latine qu’il n’était pas bon d’intensifier des liens avec l’Iran, que ce soit en matière de sécurité ou d’économie. En réponse, le président vénézuélien Hugo Chavez a déclaré que les pays latino-américains étaient totalement indépendants dans leur décision concernant les autres pays, invitant Washington à s’occuper de ses propres affaires au lieu de s’ingérer dans celles d’autrui.
De l’avis de bon nombre d’analystes, face au renforcement des sanctions occidentales, l’Iran aurait fort à gagner en serrant la main avec les pays d’Amérique latine et à créer une alliance solide avec eux. Au cas où l’Union Européenne boycotterait son pétrole, l’Iran pourrait alors se tourner vers son nouveau marché qu’est l’Amérique latine. Ses nouveaux alliés dans cette région pourraient aussi le soutenir dans sa protestation contre l’envoi de bâtiments de guerre, par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres puissances, dans le Golfe, argumentant que cela porterait préjudice à la sécurité régionale. En outre, il faut savoir que lors de cette tournée, l’Iran et les 4 pays latino-américains concernés devraient signer une série d’accords de coopération dans l’énergie et la construction d’infrastructures, dont l’un porte sur l’installation d’une centrale hydroélectrique en Equateur. Ce pays devrait également acheter des armements à l’Iran, dont un système de radars et des véhicules militaires. La république islamique a par ailleurs accepté d’aider le Nicaragua à ériger un barrage et à construire un port. Si actuellement les investissements iraniens en Amérique latine restent encore à un niveau modeste, il est fort possible que la situation évolue, après cette tournée.
En attendant, la tension irano-américaine va crescendo. Au dernier jour de 2011, le président américain a signé un embargo qui devrait compliquer et réduire les bénéfices de la vente de pétrole de l’Iran. Le gouvernement d’Ahmadinejad n’a d’autre choix que de renforcer les relations avec les pays opposés à l’Occident. Cette tournée du président iranien dans un endroit autrefois considéré comme étant l’arrière-cour des Etats-Unis vise à adresser un message fort à l’Occident: l’Iran veut faire savoir qu’il a encore des d’alliés et que si une guerre éclate dans le Golfe, il ne sera pas seul./.