(VOVWORLD) - Pyongyang
a procédé ce dimanche à un nouveau tir de missile, faisant fi d’une tension
déjà paroxystique en péninsule coréenne. Défi ? Provocation ? A quel
jeu joue la République démocratique populaire de Corée (RDPC) ?
Photo d'illustration
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Dans
la nuit de samedi à dimanche, la RPDC a tiré depuis la base militaire de Kusong
un nouveau missile qui a parcouru 700 kilomètres avant de s’abîmer en mer du
Japon. Cet essai est le deuxième de ce type en moins de 15 jours, le septième
depuis le début de l’année et le vingtième depuis la prise de pouvoir de Kim
Jong-un, en 2012.
Les vraies motivations de Pyongyang
Réagissant
à ce nouveau tir, le nouveau président sud-coréen Moon Jae-In, pourtant
partisan du dialogue avec Pyongyang, a condamné sans équivoque « une
menace très grave pour la paix et la sécurité en péninsule coréenne, un défi
lancé à la communauté internationale ». Les Etats-Unis et le Japon ont quant
à eux demandé que soit convoqué en urgence le Conseil de sécurité de l’ONU. La
Maison Blanche a estimé que cette nouvelle provocation devait amener l’ensemble
des nations du monde à adopter un nouveau train de sanctions particulièrement
lourd à l’égard de Pyongyang
Mais
pourquoi ce nouveau tir dans un contexte déjà si tendu ? S’agissait-il d’une
simple démonstration de force ou Pyongyang a-t-il d’autres motivations ? Force
est de constater que les tirs de missiles nord-coréens coïncident souvent avec
la tenue de grands évènements régionaux. Celui de dimanche dernier n’échappe
pas à la règle puisqu’il est intervenu au moment même où la Chine réunissait un
sommet consacré à son projet de nouvelle route de la Soie. Faut-il y voir une
réponse aux mises en garde répétées de Pékin ces derniers mois ? Rappelons que récemment, la Chine avait voté
une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU contre la RPDC et qu’une
rencontre est prévue sous peu entre le président chinois Xi Jinping et son
homologue américain Donald Trump, rencontre lors de laquelle les deux hommes
devraient discuter d’une éventuelle augmentation de la pression sur Pyongyang,
dans l’espoir de l’obliger à renoncer à son ambition nucléaire.
Mais
ce tir peut être également considéré comme une manière de saluer l’investiture à
Séoul de Moon Jae-In, qui se retrouve ainsi en première ligne, à peine arrivé
au pouvoir. Pour certains analystes, c’est tout simplement le signe que la RDPC reste bien déterminée à ne rien
lâcher et qu’elle entend le faire savoir au monde entier. Un tir, qui a en tout
cas pour effet de « maximiser l'influence politique de Pyongyang dans la
perspective d’éventuelles négociations dans le cadre des pourparlers à six»,
affirme-t-on ici ou là.
Les sanctions sont-elles efficaces?
D’après
bien des observateurs, sanctionner systématiquement la RPDC à chaque tir de
missile s’apparenterait à un réflexe pavlovien. De fait, le président américain
Donald Trump s’est empressé de réclamer dimanche de nouvelles mesures de
rétorsions. Oui mais… Sont-elles efficaces, ces mesures ? La réalité
démontre que loin de faire plier Pyongyang, ces sanctions peuvent même avoir
l’effet inverse. Le pays a repris ses essais nucléaires et ses tirs de missiles
poussant les pays de la région à se lancer dans une course aux armements.
A ce
stade, il faut bien sûr éviter autant que possible de rentrer dans le jeu de la
RDPC, même si ce jeu reste pour l’instant difficile à déchiffrer…