(VOVworld) - L’Afghanistan a connu lundi la première transition démocratique de son histoire. Le président élu, Ashraf Ghani, a prêté serment et succède à Hamid Karzaï, seul homme au pouvoir à Kaboul depuis la chute des talibans en 2001. Suite à son investiture, le nouveau président a désigné son « chef de l’exécutif », sorte de premier ministre qui n’est autre que son ancien adversaire. Ensemble, ils doivent relever de nombreux défis.
Le président élu, Ashraf Ghani, prête serment. Photo: Internet |
Pour gouverner, Ashraf Ghani doit composer avec son rival à la présidentielle Abdullah Abdullah, avec lequel il a péniblement conclu un accord pour former un gouvernement d’union nationale. M. Abdullah devient donc le « chef de l’exécutif » du pays.
Le désaccord interne - l’obstacle majeur
Cette transition démocratique met officiellement fin à trois mois de crise politique suite aux résultats des élections. En dépit des multiples obstacles qui existent, on attend beaucoup de ce nouveau gouvernement, et en particulier la stabilité et la prospérité.
Rapprocher les deux oppositions n’est pas une mission facile. M.Ghani concentre ses appuis chez les Pachtounes du Sud, et M. Abdullah chez les Tadjiks du Nord, ce qui fait craindre un embrasement, voire la partition de facto de l'Afghanistan.
On sait au surplus que ce gouvernement a été créé sous la pression de l'ONU et des Etats-Unis plutôt que par la volonté des deux rivaux. Il s’agit d’une solution temporaire pour mettre un terme à la crise politique et l’on est en droit de douter de sa cohérence sur le long terme.
La sécurité et l’économie - deux priorités pour le nouveau président
Stabiliser le pays et redresser l’économie constituent les deux priorités du nouveau gouvernement afghan.
Les talibans afghans. Photo: Reuters |
La cérémonie d’investiture d’Ashraf Ghani a même été endeuillée par un attentat suicide à l’aéroport de Kaboul. Les talibans, qui ont revendiqué l’attaque, seront certainement l’un des sujets que le président ne pourra ignorer. M. Ghani n’a étonné personne en invitant les talibans à entamer des pourparlers politiques pour mettre fin à la guerre civile qui dure depuis 13 ans.
Contrairement à son prédécesseur, Hamid Karzai, le nouveau président a décidé de signer l’accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis visant à gérer la présence de quelque 12.500 soldats étrangers, dont 9.800 américains, après le retrait des troupes de l'OTAN à la fin de l'année 2014. Cette signature peut cependant être un couteau à double tranchant. Il faut savoir en effet que les talibans exigeaient le retrait des troupes occidentales avant tout accord et que depuis 13 ans, ce mouvement a fait de la lutte contre l'occupation étrangère sa raison d'être.
Dernière difficulté : la crise politique et la violence ont entravé la croissance du pays. Selon le Fonds monétaire international, la croissance du PIB afghan devrait passer de 3,6% à 3,2% cette année. Une nouvelle crise budgétaire est visible puisque l’Etat réclame un prêt de 116 millions de dollars pour payer ses salariés le mois prochain.
Les défis à relever sont immenses. Le vainqueur du scrutin réussira-t-il à maintenir la cohésion gouvernementale dans ce contexte de tensions ethniques ? Encore trop tôt pour se prononcer.