(VOVWORLD) - Après une journée de combats acharnés mettant aux prises l’armée philippine et différents groupuscules liés à l’organisation Etat islamique, la ville de Marawi, sur l’île de Mindanao, dans le sud du pays, est tombée aux mains de Daech. C’est une première en Asie du Sud-Est. Rien de vraiment étonnant à cela, pourtant : cette région, où vivent 15% des musulmans du monde, devient une cible potentielle pour l’Etat islamique.
Des affrontements entre forces de l’ordre et groupes islamistes ont éclaté mardi à Marawi, faisant suite à un raid des forces de sécurité contre une maison soupçonnée de servir de cache à Isnilon Hapilon, le chef autoproclamé de l'Etat islamique aux Philippines. Après plusieurs heures de combat, les rebelles islamistes, qui avaient entre-temps reçu des renforts, se sont finalement emparés de la ville de Marawi, située à 830 kilomètres au sud de Manille, la capitale philippine. Le président philippin Rodrigo Duterte a du coup décrété la loi martiale sur l'ensemble de l'ile de Mindanao.
Qui sont les protagonistes de cette crise ?
Le président philippin Rodrigo Duterte. Photo: VNA/EPA |
C’est le Maute, l’un des 4 groupes islamistes radicaux des Philippines, qui est derrière cette attaque de Marawi. Fondé en 2013, le Maute intensifie ses attaques depuis l’arrivée au pouvoir du président Rodrigo Duterte. Début 2017, il a annoncé sa fusion avec le groupe d’Abou Sayyaf, un petit groupe islamiste qui sévit depuis les années 1990 dans la région de Mindanao, et prêté allégeance à l’Etat islamique. Son objectif ? Instaurer un « califat » en Asie du Sud-Est. Depuis lors, les prises d’otage se multiplient, avec leur cortège de demandes de rançons, voire d’exécutions. Face à cette situation, le chef de l’Etat philippin a lancé plusieurs offensives contre les rebelles islamistes et pris des mesures pour empêcher la radicalisation dans son pays. L’attaque contre Marawi l’a finalement conduit à décréter la loi martiale sur l’île de Midanao, pour une durée pouvant aller jusqu’à un an, soit bien au-delà des 60 jours prescrits par la Constitution. A noter aussi que l’état d’urgence qui avait été décrété en septembre 2016 suite à l’attentat de Davao reste toujours en vigueur sur cette île.
Daech à la conquête de l’Asie du Sud-Est
Affaibli sur le théâtre syrio-irakien du fait des attaques de la coalition internationale, l'EI cherche à progresser ailleurs. Du coup, l’Asie du Sud-Est, qui est peuplée de 15% des 1,57 milliards de musulmans que compte le monde, se retrouve en première ligne. Les autorités du plus grand pays musulman au monde, l’Indonésie, celles de la Thailande, de Singapour, de la Malaisie ou des Philippines, peinent à contenir l’expansion des mouvements djihadistes. Des milliers de personnes ont déjà prêté serment, en ligne, à l’EI. De nombreuses attaques récemment survenues en Asie du Sud-Est ont été revendiquées par l’EI.
La situation devient alarmante avec cette attaque contre Marawi. Il devient donc impératif pour les pays de la région de conjuguer leurs efforts et de prendre des mesures plus efficaces pour contrer le terrorisme islamiste.