(VOVWORLD) - Il aura suffi que
les Etats-Unis s’en retirent pour que l’accord sur le nucléaire iranien, que
d’aucuns avaient salué comme une « avancée historique », se retrouve
en bien mauvaise posture. Touché, donc, mais pas encore coulé puisque les autres pays signataires tentent
de le remettre à flot, même si la tâche semble assez ardue.
La
chancellière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine
lors d’une réunion de presse sur le nucléaire iranien
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Tout espoir n’est
pas perdu puisque Téhéran s’est engagé à rester dans l’accord si les pays
européens signataires font de même. Reste que les Etats-Unis menacent
maintenant de sanctionner les entreprises européennes qui continueraient de
commercer avec l’Iran...
Un intense ballet diplomatique
Réunis à Sofia, les dirigeants des 28 pays de l'UE ont
convenu de continuer à soutenir l'accord, « pour autant que l'Iran le
respectera » et « de lancer des travaux pour protéger les entreprises
européennes affectées par la décision américaine ». Un plan en 9 points a
été mis en place par les 28 pour sauver cet accord. Les Européens se sont engagés à chercher des solutions
pour permettre à l'Iran de continuer à vendre du pétrole et du gaz, de
poursuivre ses transactions bancaires, de maintenir ses liaisons aériennes et
maritimes, mais aussi pour lui assurer des crédits à l'exportation et lui
faciliter les investissements. Ils ont par ailleurs menacé d’appliquer une législation de 1996 dite « de
blocage » afin de dissuader les Etats-Unis de sanctionner les entreprises
européennes qui commerceraient avec l'Iran.
L’accord sur le
nucléaire iranien, le JCPOA, sera au coeur de la rencontre prévue ce vendredi à
Sotchi entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe
Vladimir Poutine. Quelques jours après, le président français Emmanuel Macron
se rendra également en Russie pour tenter de trouver avec son homologue russe les
moyens de sauvegarder le texte. Le patron du Kremlin devrait de son côté
rencontrer le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à
Sotchi dans les prochains jours. Quant à la Chine, elle s’est déclarée prête à
coopérer avec la Russie pour sauver le JCPOA.
Le
chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif est parti dimanche dernier
en tournée à Pékin, Moscou et Bruxelles, dans l’espoir de sauver le texte et de
préserver les intérêts économiques de son pays, en dépit de la sortie
fracassante des Etats-Unis.
Un vrai casse-tête !
C’est un vrai
casse-tête pour l’UE qui doit choisir entre l’Iran et les Etats-Unis, qui veut défendre
ses intérêts économiques en Iran, sans pour autant se mettre à dos les
Etats-Unis, son allié stratégique et la première puissance mondiale.
En 2017, les pays
européens ont exporté pour plus de 11 milliards d’euros en Iran, soit une
hausse de 66% par rapport à 2015. De nombreux grands groupes européens sont
présents dans la République islamique: c’est le cas du constructeur d’avions
Airbus, qui a obtenu un contrat de 10 milliards d’euros avec Téhéran, ou encore
du groupe français Total, qui a massivement investi en Iran...
Même si les
Européens envisagent de recourir à la loi de blocage pour dissuader les
Etats-Unis de sanctionner leurs entreprises, il leur sera difficile de passer
outre. « Nous allons examiner les possibilités et les instruments que nous
avons pour défendre nos intérêts. Mais cela ne sera pas facile, c'est très
clair pour nous », a reconnu le ministre allemande des Affaires étrangères
Heiko Maas. Force est de reconnaître en effet que les Etats-Unis dominent le
système financier mondial et que de nombreux groupes européens sont présents aux
Etats-Unis.
Même si les dirigeants européens se sont accordés sur une
« approche unie » pour sauvegarder l’accord avec Téhéran, rien ne garantit que
sa survie ne soit plus menacée.