(VOVworld) - Dans leur majorité, les sénateurs brésiliens se sont prononcés pour l’ouverture d’un procès en destitution à l’encontre de la présidente Dilma Rousseff, celle-ci étant accusée d'avoir maquillé les comptes de la nation pour se faire réélire. Le Brésil se retrouve aujourd’hui face à l’une des pires crises politiques de son histoire.
Dilma Rousseff. Photo: AFP |
C'est quasiment fini pour Dilma Rousseff. Réunis depuis mercredi, les sénateurs ont pris la parole à tour de rôle pendant 15 minutes pour défendre ou accabler la présidente. Alors que le vote n'était pas encore terminé, 41 sénateurs sur 81, soit la majorité requise, s'étaient prononcés en faveur de son départ et de l'ouverture de son procès en destitution. Dilma Rousseff devrait donc être remplacée d'ici vendredi par le vice-président Michel Temer, lequel a déjà constitué un gouvernement intérimaire. Quant à la présidente déchue, elle sera mise à l’écart pendant 180 jours.
Pour rappel, le 17 avril dernier, la Chambre des députés avait approuvé la procédure de destitution de Dilma Rousseff, accusée d’avoir voulu maquiller les comptes de la nation.
Victime d’un coup d’Etat ?
Elue une première fois présidente en 2010 et réélue en 2014, Dilma Roussef s'estime victime d'un coup d'État institutionnel dont les auteurs sont le vice-président Michel Temer et l’ancien président de la Chambre des députés Eduardo Cuha. « Ce qui se passe ici ressemble à une élection indirecte dans laquelle les électeurs n’ont pas le droit de s’exprimer », a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, le climat restait très tendu le 11 mai dans l’ensemble du pays et notamment dans le quartier du Congrès à Brasilia avec la présence de 5000 manifestants « anti » ou « pro » Dilma Rousseff, ces derniers s’étant heurtés aux forces de l’ordre.
Une crise ne chasse pas l’autre
A en croire les observateurs, ce n’est pas en destituant sa présidente que le Brésil pourra résoudre les problèmes qui sont les siens. D’après Brian Winter, qui travaille pour l’organisation Americas Society and Council of the Americas, étant donnée l’impopularité du parlement brésilien, personne n’est gagnant dans cette affaire. Dilma Rousseff a en effet été mise à l’écart par des députés et des sénateurs qui, aux deux tiers, sont impliqués dans des affaires de corruption.
Force est de constater par ailleurs que l’économie brésilienne est en berne avec un déficit budgétaire affiché à 11% du PIB. A cela vient s’ajouter l’épidémie de virus Zika dont la propagation s’étend à presque tout le nord-est du pays. Coincé dans l’étau d’une crise économique et épidémique, le Brésil s’enfonce maintenant dans une autre crise, politique celle-là.