(VOVWORLD) - Les dirigeants de la Chine et de l’Union européenne étaient réunis ce jeudi à Pékin pour tenter d’aplanir leurs différends et de rééquilibrer les relations commerciales.
Le président chinois Xi Jinping (au centre) lors d'une réunion avec le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à Pékin le 7 décembre 2023. Photo : AVI |
Ce sommet Chine-Union européenne était le 24e du genre et le premier en tête-à-tête après quatre années d’interruption dues à la crise sanitaire, mais aussi à un certain nombre de différends bilatéraux majeurs. Les trois plus hauts dirigeants de l’Union européenne, c’est-à-dire le président du Conseil Charles Michel, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le haut représentant pour la diplomatie et la sécurité Josep Borrell, ont donc fait le voyage jusqu’à Pékin pour rencontrer le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang.
Même si la corde est tendue…
Les débats ont porté principalement sur le commerce. Avec, pour les échanges commerciaux bilatéraux, un chiffre d’affaires quotidien estimé à 2,15 milliards de dollars, la Chine est pour l’instant le plus important partenaire commercial de l’Union européenne. Il n’en demeure pas moins que la balance commerciale est déséquilibrée et que la partie européenne accuse un important déficit commercial, comme l’a opportunément rappelé Ursula von der Leyen. Et de fait, si l’on s’en réfère aux chiffres avancés par la douane chinoise elle-même, il apparaît que sur les 11 derniers mois, la valeur des exportations de la Chine vers l’Union européenne atteint 458 milliards de dollars, lorsque celle des importations plafonne à 257 milliards…
«Il y a un certain nombre de différends en suspens dont il va falloir discuter ensemble en profondeur, au plus haut niveau... C’est une question importante, qui nous tient à cœur, à nous autres Européens, et pour laquelle il faudrait aboutir à des résultats concrets sur le terrain», a noté Ursula von der Leyen.
Le président chinois Xi Jinping travaille avec le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Photo : AVI |
Les dirigeants de l’Union européenne souhaitent que la Chine s’ouvre davantage aux produits européens, notamment les équipements sanitaires, les boissons alcoolisées, le lait pour enfant ou encore les produits cosmétiques.
Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a tenu à assurer qu’aucune barrière n’était imposée aux entreprises européennes. Pour lui, les causes de cet apparent déséquilibre sont à chercher ailleurs, notamment dans une baisse de la demande, de la part des consommateurs chinois, due tout aussi bien à des difficultés économiques qu’à une productivité accrue sur le marché domestique. Aussi a-t-il appelé les dirigeants européens à ne pas «politiser» ni «sécuritariser» un problème a priori purement commercial…
Il a également été question, au cours de ce sommet pékinois, de stratégies économiques. La Chine, elle, est adepte de la «double circulation» alors que, de son côté, l’Union européenne veut réduire les risques liés aux chaînes d’approvisionnement. Pour Ursula von der Leyen, les deux parties ont des approches à peu près compatibles et il n’y a aucune raison d’envisager une quelconque séparation économique…
… elle ne doit jamais rompre
Les problèmes économiques et commerciaux ont donc été mis sur la table sans qu’aucune solution n’ait pu être apportée. Sur certains autres dossiers, en revanche, on peut noter de timides avancées.
Celui du transfert des données transfrontalières a ainsi permis aux deux parties de trouver un terrain d’entente puisqu’il a été décidé que les règlementations afférentes seraient désormais élaborées de concert. Même constat pour le changement climatique, l’intelligence artificielle ou encore les grands conflits régionaux: sur ces points-là, Chinois et Européens semblent décidés à agir en concertation.
Les deux parties sont du reste des apôtres du multilatéralisme, mais d’un multilatéralisme respectueux des diversités culturelles. Il paraît donc normal et surtout dans leur intérêt même qu’elles maintiennent un dialogue soutenu. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Xi Jinping, le président chinois.
«Il faut avoir une perception juste de notre partenariat stratégique intégral. Il est dans notre intérêt que la Chine et l’Union européenne entretiennent des relations mutuellement bénéfiques. Dans cet esprit, nous devons renforcer la confiance politique, ce qui passe logiquement par plus de dialogue et de coopération», a-t-il déclaré.
Charles Michel, le président du Conseil européen, est lui aussi convaincu que la Chine et l’Union européenne doivent rester dans une relation de partenariat, ne serait-ce qu’en vertu de leur poids sur la scène internationale…
«Nous avons enregistré des progrès notables. L’Union européenne continuera à entretenir des relations transparentes et aussi équilibrées que possible avec la Chine. Les deux parties pourront alors relever ensemble les grands défis mondiaux», a-t-il dit.
Même s’il n’a abouti à aucun accord concret, ce sommet Chine-Union européenne s’est clôturé sur une note optimiste et sur une manifestation évidente de bonne volonté, de part et d’autre: la corde aura beau être tendue, elle ne rompra pas, et c’est là l’essentiel…