(VOVWORLD) - Le conflit dans la bande de Gaza entre dans sa deuxième semaine avec des développements de plus en plus violents et imprévisibles. Outre les énormes pertes en vies humaines des deux côtés et les craintes d'une grave crise humanitaire, le monde est de plus en plus préoccupé par les conséquences économiques imprévisibles de ce conflit si la situation devient hors de contrôle.
Des impacts limités à court terme…
De la fumée s'échappe dans la bande de Gaza, après un raid aérien des forces israélienes, le 7 octobre. Photo: reuters |
Au cours de la semaine dernière, les préoccupations liées au conflit à Gaza ont impacté la valeur de nombreux actifs, plongeant les marchés boursiers dans le rouge avec la chute de plusieurs valeurs importantes. En revanche, l'or, considéré comme une valeur refuge, a enregistré une hausse de 3% le 13 octobre dernier. Parallèlement, le dollar américain, la monnaie de paiement la plus répandue au monde, a atteint son plus haut niveau en une semaine.
Alors que les affrontements s'intensifient entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, Chevron, la deuxième compagnie pétrolière des États-Unis, a suspendu les exportations de gaz naturel par le biais d'un important gazoduc sous-marin reliant Israël à l'Égypte.
Cependant, les prix à terme du pétrole Brent se sont maintenus au-dessus de 90 dollars le baril lundi, après avoir atteint ce niveau le vendredi 13 octobre. Le brut américain West Texas Intermediate (WTI) a augmenté de 12 cents, soit 0,14%, à 87,81 dollars le baril.
Selon Ben Cahill, expert en sécurité énergétique au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), la réaction relativement modérée du marché énergétique mondial indique qu'à l'heure actuelle, ce conflit n'a qu'un impact limité, car ni Israël ni la bande de Gaza ne figurent parmi les grands producteurs mondiaux de pétrole, et le conflit est encore circonscrit dans une zone géographique restreinte. Selon l'avis de Paul Nolte, stratège de marché chez la société américaine Murphy & Sylvest, la principale préoccupation des grands investisseurs mondiaux actuellement concerne la décision de la Réserve fédérale américaine (FED) de continuer ou non à augmenter les taux d'intérêt, plutôt que de se préoccuper du conflit dans la bande de Gaza.
Selon le journal américain Bloomberg, un conflit similaire opposant Israël et le Hamas avait eu lieu en 2014. À cette époque, les fluctuations des prix du pétrole et les impacts économiques mondiaux étaient relativement flous, car les combats à Gaza n'avaient pas été étendus. Par conséquent, si le conflit ne s'étend pas au Moyen-Orient, les prix du pétrole ne devraient augmenter que de 3 à 4 dollars par baril au maximum, l'inflation mondiale pourrait augmenter de 0,1 point de pourcentage, et la croissance mondiale pourrait chuter autant.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Photo: EPA |
Lors de la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui s'est tenue du 9 au 15 octobre dernier à Marrakech, au Maroc, les dirigeants de ces deux institutions ne semblaient pas excessivement préoccupés par les impacts directs actuels du conflit à Gaza sur l'économie mondiale. Cependant, il est souligné que ce conflit pourrait aggraver l'insécurité d'une économie mondiale déjà très fragile, comme l'indique la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.
“Nous avons observé une fluctuation des prix du pétrole ces derniers jours et les réactions des marchés. Nous surveillons attentivement ces développements. Il est clair que c'est un nuage noir qui plane sur des perspectives déjà peu brillantes pour l'économie mondiale», constate-t-elle.
Des incertitudes à long terme…
De nombreux experts estiment que la situation économique mondiale va se détériorer si le conflit n'est pas maîtrisé. Le 13 octobre dernier, les cours du pétrole ont enregistré une hausse d'environ 6% en réaction à l'anticipation des investisseurs quant à l'éventualité d'un conflit élargi au Moyen-Orient. Selon Bloomberg, dans le pire scénario où le conflit s'étend largement au Moyen-Orient, le prix du pétrole pourrait atteindre 150 dollars le baril, et l'inflation mondiale pourrait atteindre 6%. La croissance mondiale devrait diminuer d’un point de pourcentage, ce qui constituerait le pire indice depuis 1982, sans compter les périodes de la pandémie de Covid-19 et de la crise financière de 2008. Selon Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, une hausse de 10% du prix du pétrole entraîne une baisse de 0,15 point de croissance et une hausse de 0,4 point de l'inflation mondiale. La directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, partage également ces préoccupations.
"Nous ne savons pas si le conflit actuel s'étendra dans la région et comment il prendra fin. Mais une chose est certaine: l'expansion de ce conflit aura des répercussions graves sur l'économie mondiale. Ce qui s'est passé est malheureux, et nous espérons que les parties concernées mettront fin à tous les actes de violence", déclare-t-elle.
De nombreux autres experts partagent également cette inquiétude, estimant que ce conflit pourrait contribuer à l'insécurité de la macroéconomie mondiale. Selon Brennan McKenna, économiste de la banque américaine Wells Fargo, le conflit actuel à Gaza exacerbe les tensions en Ukraine et le phénomène de démondialisation, de plus en plus évident après la pandémie de Covid-19, tout en menaçant la reprise fragile dans certaines régions, notamment aux États-Unis et dans l'Union européenne.