Crise du Golfe: pourquoi Donald Trump propose-t-il sa médiation ?
Anh Huyen -  
(VOVWORLD) - Le président américain Donald Trump a proposé vendredi dernier d'être médiateur pour tenter de résoudre la crise du Golfe qui sévit depuis que l'Arabie saoudite et ses alliés ont rompu début juin leurs relations avec le Qatar et lui ont imposé de lourdes sanctions. Pourquoi cette décision ?
Le président américain Donald Trump - Photo Reuters |
"Je serais prêt à être médiateur", a déclaré M. Trump lors d'une conférence de presse commune à Washington avec l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah. "Je pense que c'est quelque chose qui va être résolu de manière assez simple", a-t-il ajouté.
Donald Trump s’est ensuite entretenu au téléphone avec le prince héritier saoudien, le prince héritier de Dubaï et l’émir du Qatar. Il a insisté auprès d'eux sur l'unité des partenaires arabes, nécessaire pour assurer la stabilité de la région et faire face à la menace de l'Iran.
Quelles sont les réelles motivations de Trump ?
L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte, suivis par de nombreux autres pays, ont rompu depuis le 5 juin leurs relations diplomatiques avec Doha, lui reprochant de soutenir des groupes extrémistes et de s'être trop rapproché de l'Iran. Le Qatar nie toutes ces accusations.
Jusqu’à ce jour, les médiations tentées par le Koweït, la Turquie et même la Russie sont toujours dans l'impasse. Cette fois, c’est au tour de Washington de jouer le rôle de médiateur 3 mois après la crise. Que se cache-t-il derrière la proposition de Donald Trump ?
Tout d’abord, les Etats-Unis ont toujours intérêt à maintenir la stabilité dans le Golfe, leur plus gros fournisseur de pétrole brut, leur allié intime dans la lutte contre l’Etat islamique et les menaces iraniennes. Les Etats-Unis ont même construit des bases militaires au Qatar, au Bahreïn et en Arabie Saoudite. Les intérêts américains seront touchés si la région est instable. Or, jusque là, Washington se contentait de rester dehors et d’appeler les parties concernées à trouver une solution diplomatique à cette crise.
Mais les choses semblent avoir changé suite à la tournée du chef de la diplomatie russe à Koweït, aux Emirats Arabes Unis et au Qatar. Sergueï Lavrov a déclaré lundi dernier que Moscou était disposé à aider le Koweït dans la résolution de la crise du Golfe.
Une autre raison expliquerait l’empressement de Donald Trump. Doha a officiellement inauguré mardi dernier le port Hamad qui permettra de "briser les chaînes" imposées par le boycott décrété par ses voisins du Golfe. Hamad sera le plus grand port de cet émirat gazier et offrira un accès commercial à quelque 150 pays, avec notamment des liaisons vers des ports de la région à Oman et au Koweït et plus distants, en Turquie, en Inde et au Pakistan. La Turquie, l'Iran et le Qatar discutent actuellement de l'utilisation de la voie terrestre iranienne pour faciliter les échanges commerciaux entre le Qatar et la Turquie. Si tel était le cas, le blocus deviendrait inopérant.
Pas “si simple” comme croyait Donald Trump
Dès le lendemain de la proposition américaine, l'agence officielle saoudienne SPA a indiqué que l'émir du Qatar avait appelé au téléphone le prince héritier saoudien pour exprimer son "désir de s'asseoir à la table du dialogue" et résoudre la crise. Le prince Mohamed a, selon SPA, "bien accueilli le désir de l'émir du Qatar", précisant que "l'annonce des modalités de ce dialogue sera faite" plus tard, ravivant les espoirs d'un début de sortie de crise.
Mais retournement de situation juste après. Un porte-parole officiel saoudien annonce la décision de Ryad de "suspendre tout dialogue et tout contact avec le Qatar", disant attendre que ce dernier clarifie ses positions.
La médiation américaine mérite des applaudissements mais apportera t-elle une résolution rapide de la crise ? Loin s’en faut.
Anh Huyen