(VOVworld) - La présidente sud-coréenne Park Geun-hye a nommé mardi un nouveau Premier ministre et un nouveau ministre des Finances. Ce remaniement partiel vise à donner des gages de bonne conduite à une opinion publique outrée par un scandale politique majeur. L'ex-conseillère de la présidente a en effet été placée en garde à vue pour trafic d'influence.
Photo: AVI
Plusieurs dizaines de milliers de Sud-Coréens ont envahi les rues ces derniers jours pour réclamer la démission ou la destitution de leur présidente. Pour faire face à cette vague de contestation inédite, celle-ci a finalement choisi de remanier son cabinet. Insuffisant, selon l'opposition qui a d'ores-et-déjà annoncé qu'elle avait l'intention de boycotter le processus de validation des nouveaux ministres. Même son de cloche du côté de l’Assemblée nationale qui a, elle aussi, refusé d'avaliser à leurs postes les deux nouveaux ministres nommés par l’occupante de la Maison Bleue.
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Destitution ou démisssion?
Dans la nuit de lundi à mardi, Choi Soon-sil, amie et ex-confidente de la présidente, a été placée en garde à vue pour trafic d’influence et corruption. Cette femme de 60 ans est soupçonnée d’avoir profité de ses entrées pour extorquer de l’argent aux principaux conglomérats du pays qu’elle aurait poussés à verser d’importantes sommes, estimées à 44 millions de dollars, à des fondations créées par ses soins. Surnommée «Raspoutine» par la presse, Choi Soon-sil aurait pris part aux affaires de l’État sans jamais avoir occupé de poste officiel. Elle serait allée jusqu’à corriger les discours présidentiels ou prodiguer des conseils sur les nominations. Beaucoup de personnes la soupçonnent en outre d'avoir eu accès à des documents confidentiels, ce qui a fini par éclabousser la présidente, dont les excuses publiques de la semaine dernière n’ont pas empêché la popularité de dégringoler.
Il reste néanmoins peu probable que la présidente Park Geun-hye soit destituée, et ce dans la mesure où il faudrait qu'elle le soit par une cour suprême en principe acquise à sa cause. En outre, selon la Constitution sud-coréenne, le chef de l’Etat bénéficie de l’immunité de juridiction pénale et de destitution durant son mandat sauf s’il se rend coupable d’actes susceptibles de porter atteinte aux intérêts de la nation en agisssant en connivence avec un autre pays. Dernier point: Park Geun-hye est presque arrivée au terme de son mandat. Les prochaines élections devant avoir lieu en 2017, une démission présentée maintenant ne changerait sans doute pas beaucoup la donne.
Quelles conséquences sur la politique extérieure?
De l’avis des analystes, ce scandale politique risque d'avoir des conséquences néfastes sur la politique extérieure de l’exécutif dont le mandat expirera donc en 2017, notamment en ce qui concerne la RPD de Corée. Ce scandale dans lequel est empêtrée la cheffe de l’Etat tombe d'ailleurs à un moment sensible: Séoul vient en effet de donner son feu vert à Washington pour le déploiement en territoire sud-coréen d'un système de défense antimissile parmi les plus perfectionnés du monde, appelé THAAD (Terminal High Altitude Area Defence).
Les révélations concernant l’ex-confidente de Park Geun-hye font en ce moment-même l’objet d’une enquête dont le résultat ne sera connu que dans les prochains jours. Pas sûr qu'un remaniement ministériel suffise à apaiser les tensions d'ici-là. Le pays du matin calme le restera-t-il?