(VOVWORLD) - Le président russe Vladimir Poutine vient de dénoncer le traité New START, qui est un traité portant sur le désarmement nucléaire, signé en 2010 par la Russie et les États-Unis. Approuvée par la Douma, cette décision est une marque de défiance supplémentaire, d’autant plus inquiétante qu’à ce jour, les deux pays détiennent les neuf dixièmes de l’arsenal nucléaire mondial.
Un système de lanceur de missiles balistiques intercontinentaux de l'armée américaine. Photo: GETTY IMAGES |
Signé à l’époque par Dmitri Medvedev et Barack Obama, le nouveau traité de réduction des armes nucléaires stratégiques (New START) limite les arsenaux nucléaires des deux pays à un maximum de 1.550 ogives chacun, mais aussi le nombre de lanceurs et de bombardiers lourds à 700. Le texte prévoit également des inspections mutuelles de sites nucléaires, mais ces inspections sont au point mort depuis 2020, date du début de la crise covid.
Un avertissement lancé à Washington et à l’OTAN…
Moscou accuse Washington d’utiliser le traité New START pour fragiliser la Russie. Les missiles nucléaires des États-Unis et de l’OTAN sont pointés contre la Russie, a dénoncé Vladimir Poutine, qui a confirmé qu’il était hors de question de laisser les Américains inspecter les sites nucléaires russes. Le président russe estime en effet que l’OTAN - et a fortiori les États-Unis - aide l’Ukraine à détruire les sites en question. Il accuse notamment Kiev d’être à l’origine de raids menés en décembre 2022 contre l’aéroport Engels, situé à 730 kilomètres au sud-est de Moscou, où sont stationnés les bombardiers stratégiques russes.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov. Photo: Tass |
Moscou ne reviendra pas sur sa dénonciation du traité New START tant que les États-Unis n’auront pas modifié leur politique à l’égard de l’Ukraine, a déclaré mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov, lors d’une conférence de l’ONU sur le désarmement tenue à Genève. Les États-Unis ayant aidé l’Ukraine à attaquer des positions stratégiques, la Russie n’a pas d’autre choix que de dénoncer le traité, a-t-il poursuivi, avant de mettre en garde contre une implication accrue de Washington et de ses alliés dans le conflit, implication qui pourrait selon lui conduire à des affrontements directs entre puissances nucléaires...
Selon les estimations de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, la Russie et les États-Unis sont propriétaires de 90% des armes nucléaires au monde. Début 2022, la Russie détenait 5.977 ogives dont 1.600 actives, alors que les États-Unis en possédaient 5.428, dont 1.750 actives...
… qui inquiète la planète entière
Donald Trump ayant décidé le retrait unilatéral des États-Unis du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le traité New START était le seul accord russo-américain en matière de désarmement. Sa dénonciation inquiète d’autant plus qu’elle pourrait être synonyme de nouvelle course aux armements.
Le nombre d’ogives pourrait passer de 1.550 à 4.000 en l’espace d’une nuit, a fait remarquer William Alberque, de l’Institut de recherche stratégique international.
Beaucoup d’autres experts craignent un retour aux heures les plus sombres de la Guerre froide. C’est le cas de James Cameron, qui travaille sur le projet nucléaire d’Oslo, et qui est par conséquent l’un des spécialistes les plus avertis…
Qu’on se rassure néanmoins, le traité New START n’est pas encore tout à fait enterré. La Russie a en effet affirmé qu’elle respecterait toujours la limite du nombre d’ogives autorisées, renvoyant de facto la balle dans le camp américain… Cela étant, force est de reconnaître qu’on se rapproche davantage de l’équilibre de la terreur que de celui de la confiance…