(VOVworld) - Suite à l’intervention militaire de l’Arabie saoudite, la guerre civile au Yémen ne concerne plus seulement la région mais le monde arabe tout entier. La situation dans le pays menace directement la sécurité de la région déjà au bord de conflit.
Les raids aériens de la coalition arabe, menée par l’Arabie saoudite, contre les rebelles houthis dans le Sud du Yémen, durent depuis deux semaines. Les combats acharnés rendent la situation humanitaire de plus en plus compliquée. De nombreux pays ont d’ores et déjà fait évacuer leurs ressortissants du Yémen. En 14 jours, 500 personnes ont trouvé la mort et plus de 1.000 autres ont été blessées.
Conflits sans relâche
Depuis l’occupation de la capitale Sanaa par les Houthis en septembre dernier, la tension au Yémen est montée d’un cran. La situation se transforme en guerre civile depuis que les Houthis se dirigent vers la ville d’Aden, dans le Sud du pays, où s’est réfugié le président Abd Rabbu Mansour Hadi. Face à ces offensives et pour « défendre les autorités légales » du président yéménite, des raids aériens ont été très largement déployés par la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite. Cette intervention militaire inquiète l’opinion publique sur l’éventualité d’une guerre entre Chiites et Sunnites dans le monde arabe.
En fait, la confrontation entre ces deux branches de l’Islam existe depuis toujours et pas seulement au Yémen. Compte tenu que la proportion de sunnites et chiites au Yemen est à peu près équivalente, la guerre civile pourrait se transformer en une confrontation entre l’Iran, pays majoritairement chiite, et le reste du monde arabe, majoritairement sunnite.
Une guerre d’influence
La guerre au Yémen, menée par l’Arabie saoudite et appuyée par les Etats-Unis, est déclarée pour défendre le gouvernement du président Abd Rabbu Mansour Hadi. Pourtant, derrière les motivations avouées officiellement se cachent des intérêts bien plus compliqués.
Analysons tout d’abord les récents changements intervenus dans la région. En Syrie, les autorités du président al-Assad ont été renforcées. Le groupe Etat islamique a été expulsé d’Irak avec l’aide de l’Iran et des forces locales en lien avec Téhéran. L’accord-cadre sur le nucléaire récemment obtenu par l’Iran et les puissances lui permet de consolider son influence. Le fait que les Houthis aient réussi à s’emparer de la capitale Sanaa peut être considéré comme une victoire pour l’Iran, le Hezbollah et la Syrie, étant considérés par les Etats-Unis et l’Occident comme un axe diabolique au Moyen-Orient. Plutôt que de rester inerte à observer l’Iran élargir sa zone d’influence, l’Arabie saoudite s’est donc lancée dans une aventure militaire au Yémen pour sauver le régime en place.
L’occupation des zones stratégiques au Yémen par les Houthis inquiète l’Arabie saoudite et les Etats-Unis aussi et surtout car les pétroliers en provenance d’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Koweit et d’Irak passent par les côtes yéménites, et notamment celle d’Aden, avant d’entrer dans la mer Rouge et passer le canal Suez pour aller en Europe. Les Etats-Unis et les pays arabes ne veulent évidemment pas que cette voie maritime soit contrôlée par les Chiites. L’effrondrement du régime yéménite sera au surplus un obstacle à la politique diplomatique de Washington et obligera les Etats-Unis à retirer les activités du Pentagone et de la CIA au Yémen. Les Etats-Unis ne souhaitent cependant pas aujourd’hui altérer leurs relations avec l’Iran ; Washington ayant besoin de Téhéran dans la lutte contre l’Etat islamique. C’est pourquoi, l’intervention américaine est minorée.
Empêtrée dans des intérêts contradictoires, la guerre civile au Yémen est le théâtre d’un jeu d’influences subtilement orchestré par diverses puissances. L’instabilité au Yémen pourrait bien déclencher une guerre régionale.