C’est sur un ton beaucoup plus feutré que celui auquel il avait jusque-là habitué ses compatriotes que Donald Trump a lancé un appel à l’unité nationale, tout en assurant qu’il comptait bien donner priorité aux problèmes qui touchent directement les Américains eux-mêmes.     

Les Américains d’abord

En débutant son discours, Donald Trump a condamné avec force “les dernières menaces en date visant des centres de la communauté juive et le vandalisme contre des cimetières juifs”, affirmant que les Etats-Unis resteraient “unis contre la haine et le mal sous toutes leurs formes”.

Très attendu sur l'économie, le nouveau président a tenu à faire remarquer que depuis son élection, de grands groupes comme Ford, Fiat, General Motors, Lockheed, Intel, Walmart et beaucoup d’autres avaient annoncé des millions de dollars d’investissement aux États-Unis, investissements qui devraient déboucher sur des dizaines de milliers d’emplois. Afin de redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs, notamment à ceux de la classe moyenne, et une marge de manœuvre aux entreprises, le président-milliardaire a promis une réforme fiscale “historique”. Il a en effet annoncé qu’il allait alléger les impôts des sociétés pour   permettre à celles-ci de “concurrencer n’importe qui et prospérer n’importe où” sans oublier de réitérer ses promesses de taxes sur les importations de produits étrangers pour protéger les industriels américains. Mais Donald Trump a aussi promis de consacrer 1.000 milliards de dollars d'investissements publics et privés à une remise à niveau des infrastructures américaines, indispensable selon lui. Pour ce qui est de la croissance, enfin, il a et s’est fixé l’objectif, que d’aucuns jugent trop ambitieux, d’au moins 3% par an.   

Venons-en au volet éducatif: Donald Trump a appelé Républicains et Démocrates à adopter une loi permettant aux jeunes démunis, Afro-Américains et Latino-Américains compris, d’accéder à des financements pour poursuivre leurs études.

Immigration maintenant. Le président américain a dit vouloir “abandonner le système actuel d'une immigration peu qualifiée et adopter à la place un système basé sur le mérite”, système qui permettrait selon lui “d'économiser énormément d'argent”. Il a également martelé avec force sa détermination à lutter contre l'immigration clandestine qu'il a liée avec la criminalité, tout en réitérant sa promesse de construire un mur à la frontière avec le Mexique.  

S’agissant de la guerre contre l’Etat islamique, Donald Trump a souligné que son administration avait envisagé de nouvelles mesures pour mieux assurer la sécurité nationale. “Le Pentagone a développé un nouveau plan pour lutter contre l’EI”, a-t-il ainsi annoncé. 

Un accueil plutôt favorable

Si les Démocrates ont réservé un accueil glacial au président, les Républicains l’ont chaleureusement applaudi. Jusque-là, rien d’étonnant. Ce qui l’est davantage, c’est la réaction plutôt positive de l’opinion: 76% des téléspectateurs interrogés par CBS News/YouGov ont approuvé l'allocution, tandis que 70% des téléspectateurs se sentaient plus confiants après avoir écouté le président, selon une enquête CNN/ORC. Et, cerise sur le gâteau pour l'homme d'affaires, Wall Street a terminé en forte hausse, le Dow Jones dépassant pour la première fois depuis longtemps le cap des 21 000 points.

Pour Vincent Michelot, un analyste français, il s’agit sans doute du discours le plus “présidentiel” de Donald Trump, jusqu’à présent. Même son de cloche du côté de Washington Post qui note que le président a adopté un comportement “sérieux et conciliateur”.

Pour beaucoup, le candidat Trump a - enfin - endossé son costume de président. Il n’était que temps: les chantiers qui l’attendent sont immenses et puisqu’il s’agit entre autres choses d’un mur, il y a celui de la réalité contre lequel se heurtent tant de belles promesses…