(VOVworld) Le Nigéria traverse actuellement une période vraiment difficile. Le conflit inter-ethnique et inter-religieux est devenu de plus en plus aigu. Quant aux manifestations contre la hausse du prix des carburants décidée par le gouvernement, elles gagnent de l’ampleur. La situation s’est tellement dégradée que la presse internationale évoque ces derniers jours des risques d’instabilité sociale et de guerre civile.
Des manifestations se sont donc produites suite à la publication le 1er Janvier, d’une nouvelle régulation du prix des produits pétrochimiques et d’une décision en vertu de laquelle les carburants ne sont plus subventionnés. Cette décision a entrainé une hausse du prix du litre d’essence qui est passé de 65 à 140 niaras, soit 96 centimes de dollars. Bien qu’il soit le premier producteur de pétrole d’Afrique, qu’il soit membre de l’organisation des pays exportateurs de pétrole et qu’il dispose d’une grande quantité de pétrole brut à exporter, le Nigéria doit utiliser d’importantes quantités de devises étrangères pour importer ses carburants. Selon les responsables gouvernementaux, l’an dernier, le Nigéria a dû dépenser 8 milliards de dollars pour subventionner les carburants. Cette suspension des subventions vise à concentrer les investissements dans les infrastructures, qui sont délabrées, et à réduire la pression sur la réserve nationale en devises étrangères. Mais il faut savoir que la majorité des nigérians a un revenu journalier de moins de 2 dollars. Une telle décision ne pouvait donc que susciter un tollé général. Ceux qui manifestent depuis maintenant dix jours estiment en effet que cette décision avantage les classes moyennes et aisées au détriment de la majorité de la population. Le 9 Janvier, des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers dans certaines villes du Nigéria, faisant des dizaines de morts et de blessés, notamment à Kano, la plus grande ville du Nord. Et les 9 et 10 Janvier, une grève générale a quasiment paralysé ce pays d’Afrique Occidentale: tous les aéroports domestiques, les stations d’essence et les banques avaient fermé leurs portes.
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Les militants de la secte islamiste Boko Haram |
Le conflit inter-ethnique et intereligieux s’accentue également au Nigéria, qui est le pays le plus peuplé d’Afrique. Les musulmans vivent essentiellement au Nord et les chrétiens au Sud. Le groupe islamique radical Boko Haram, auteur de violences sanglantes contre les catholiques du Nord a lancé un ultimatum exigeant le départ de tous les Chrétiens vers le Sud. Ce mouvement avait déjà organisé une série d’attentats suicides au Nigéria lors de la récente fête de Noël, faisant 37 morts et 57 blessés. Dans la soirée du 4 Janvier, le Nord du pays a également été ébranlé par 3 attentats simultanés à la bombe, en dépit de l’état d’urgence décrété par le président Goodluck Jonathan.
Le gouvernement nigérian est au bord de la crise. Il est confronté aux attaques sanglantes de Boko Haram et doit faire face actuellement aux manifestations et aux grèves. Le Nigéria se trouve donc dans une période vraiment difficile, d’autant plus que les manifestations contre la suspension des subventions aux carburants pourraient bien être la petite étincelle qui va embraser le pays, et que de leur côté, les Boko Haram ont déclaré qu’ils poursuivraient la guerre jusqu’à l’élimination du système laïque et à l’établissement d’un Etat islamique./.
Doan Trung