(VOVworld)- Sur fond de montée des tensions en Asie, le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe veut revoir la constitution pour doter le Japon le droit à l’autodéfense collective tout en affirmant sa fidélité à un engagement pacifique. Mais cette décision est loin de faire l'unanimité.
Le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe.
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Le 15 mai, le Comité consultatif chargé de la reconstruction d'une base juridique sur la question de la sécurité a présenté au Premier ministre japonais un rapport lui proposant de réviser la constitution pour doter le Japon du droit à l‘auto-défense collective. Rappelons que jusqu’à présent, ce droit était limité par l’article 9 de la loi fondamentale, lequel oblige notamment le Japon à être un Etat pacifiste. L'autodéfense collective signifie la possibilité pour le Japon de participer à des opérations militaires extérieures avec leurs alliés même si le territoire national n'est pas menacé.
Sinzo Abe a laissé entendre qu’il nommerait en août prochain un ministre chargé de la réinterprétation du texte suprême afin de lever les restrictions de l’usage des troupes d’autodéfense et d’expliquer au parlement japonais la position du gouvernement sur cette question controversée.
Vers une armée japonaise ?
« Cette mesure est souvent interprétée comme étant un moyen pour le Japon de mener de nouvelles guerres. Il n’en est rien et je promets que cela n’arrivera pas. » a déclaré Shinzo Abe après que ses détracteurs aient exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis du rôle militaire du Japon qui pourrait dès lors s’impliquer dans un conflit international. Le Premier ministre a par ailleurs défendu les principes pacifiques de la Constitution : « Je pense au contraire que se préparer juridiquement pour anticiper et réagir à n’importe quelle situation urgente renforcera la dissuasion et évitera au Japon d’être impliqué dans un conflit ou une guerre ». Shinzo Abe a notamment donné l’exemple d’un cas où le Japon aurait à soutenir les Etats-Unis pour défendre des soldats américains chargés d’évacuer des citoyens japonais d’une zone de conflit.
Une décision qui suscite des débats
Cette décision du chef du gouvernement japonais a été largement soutenue par Washington, son allié de longue date qui avait, à plusieurs reprises, invité le Japon à s’associer à leur alliance de sécurité. Le Pentagone a félicité la motivation de Shinzo Abe tout en souhaitant que le Japon tienne son engagement pacifique. En revanche, Pékin et Séoul se sont montrés méfiants et ont demandé à Tokyo de renoncer à sa décision pour mieux contribuer à la paix et la stabilité régionales. Séoul craint que Tokyo ne décide un jour unilatéralement d’intervenir contre la Répbulique populaire démocratique de Corée. A Pékin, le gouvernement a indiqué qu’il était toujours «hautement vigilant concernant les véritables intentions» de Tokyo, «en raison des problèmes historiques avec le Japon». Le projet de Shinzo Abe s’est aussi heurté à la protestation des Japonais eux mêmes. Récemment, 2500 Japonais ont faire une chaîne humaine autour de la Diète pour demander au Premier ministre de renoncer à son projet. Son principal allié au parlement, le parti bouddhiste Komeito se montre, lui aussi, très prudent estimant que les Japonais ne sont pas prêts à une réforme aussi fondamentale de la Constitution.
Vers un pacifisme positif
Le Premier ministre Shinzo Abe décrit sa stratégie comme un pacifisme positif ou pro-actif qui permettra au Japon de contribuer à la paix et à la stabilité internationales. Les récentes tensions en Asie du Nord Est et en Asie du Sud-Est ainsi que l’émergence de la Chine, pays, actuellement en conflit territorial avec le Japon autour des îles Senkaku//Diaoyu ont incité le gouvernement de Shinzo Abe à accélérer le projet du droit à l’auto-défense. Or, de l’avis de certains observateurs, la position de Shinzo Abe permettra au Japon de redonner l’équilibre nécessaire pour l’Asie-Pacifique./.