(VOVworld) – L’Egypte s’enlise dans la crise. La division entre les partis politiques devient chaque jour plus évidente. L’impasse politique dans laquelle se trouve l’Egypte depuis plus d’un mois, suite à la destitution de Mohamed Morsi, menace non seulement l’avenir du pays mais également la stabilité de la région.
Ces derniers jours, de nombreux affrontements entre les pro-Morsi et les partisans favorables à l’armée ont lieu dans l’ensemble de l’Egypte, lors de manifestations massives. Les 75 morts et les centaines de blessés comptabilisés jusqu’à présent ne font qu’aggraver la situation. Alors que les parties se rejettent la responsabilité, le président par intérim Adly Mansour fait preuve de plus de fermeté face aux partisans du président déchu en autorisant l’armée à arrêter les manifestants. Cette décision sonne comme le début d’une répression de grande envergure contre les pro-Morsi et les rebelles qui, de leur côté, multiplient les attaques contre les forces de sécurité dans la péninsule du Sinaï.
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Mais en dépit des mises en garde du nouveau pouvoir, les partisans de Mohamed Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations massives mardi. Les représentants des « Frères musulmans » ont ajouté que ces manifestations seraient sans limite et qu’elles pourraient durer plusieurs mois, voire plusieurs années, jusqu’à ce que leur objectif de restituer la Constitution et le président Mohamed Morsi soit atteint.
Cette impasse politique en Egypte provoque de vives inquiétudes chez ses voisins. D’après Noha Bakr, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, la crise égyptienne se répercute déjà sur Gaza. En effet, le passage de Rafah, unique accès de la bande de Gaza qui ne soit pas contrôlé par Israël, a été fermé par le Caire en raison d’attaques menées dans la péninsule du Sinaï. Une catastrophe pour les Gazaouis qui dépendent en grande partie de leur voisin pour l’approvisionnement en nourriture et en pétrole, ainsi que pour de nombreux soins médicaux. Mais les civils ne sont pas les seuls à subir les conséquences de la crise égyptienne. Le Hamas, actuellement au pouvoir à Gaza, fait partie de l’organisation des Frères Musulmans et entretenait jusqu’alors une relation très forte avec les Frères Musulmans et le président Mohamed Morsi. Et comme un jeu de domino, ces attaques de la péninsule du Sinaï ont également pour conséquences de menacer la sécurité d’Israël.
D’autres pays du Golfe comme le Koweit, l’Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis ont exprimé leur inquiétude face à l’instabilité égyptienne et ont publiquement exprimé leur soutien au nouveau pouvoir égyptien. A l’opposé, en Tunisie et en Lybie, où les Frères musulmans sont au pouvoir, on a peur que le scénario égyptien ne contamine la région.
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Face à cette escalade de la violence en Egypte, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est entretenu avec le vice-président égyptien Mohamed Elbaradei, les ministres des Affaires étrangères de Turquie et du Qatar, ainsi que le chef de la Ligue arabe, à qui il a exprimé son inquiétude profonde. Par ailleurs, Catherine Ashton, haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a tenté une nouvelle médiation entre les autorités égyptiennes et les Frères musulmans. Elle a rencontré l’homme fort de l’armée égyptienne, le chef d'état-major Abdel Fattah el-Sisi, le président par intérim Adli Mansour et les représentants du parti « La liberté et la Justice », l’aile politique des Frères musulmans. Catherine Ashton a de nouveau appelé à la retenue et à l’arrêt des violences en réaffirmant le soutien de l’Union européenne aux Egyptiens en vue de faire revenir la stabilité et promouvoir la démocratie. Cependant, il est peu probable que cette médiation européenne ou celle d’autres parties aboutissent. Selon l’analyste Hasan Nafah, professeur de sciences politiques de l’Université du Caire, la crise égyptienne ne sera réglée que par les Egyptiens.
La situation en Egypte pour les jours qui viennent reste imprévisible. La stabilité demeurera-t-elle une illusion ? Ce qui est sûr, c’est que dans n’importe quelle crise politique, c’est toujours la population civile qui paie le plus lourd tribu./.