Restructuration, c’est décidément le mot d’ordre de l’année 2012. Pour le secteur agricole, une restructuration en profondeur pour développer des produits à plus grande valeur ajoutée est la voie à suivre au moins jusqu’en 2020.
Dans le tableau économique vietnamien en 2011, l’agriculture a été le point le plus lumineux. La production vivrière a atteint 42 millions de tonnes et les exportations de riz ont dépassé les 7 millions de tonnes: un niveau jamais atteint jusque-là. 4 produits agricoles ont enregistré une valeur à l’exportation supérieure à 3 milliards de dollars. Le Vietnam a exporté bien plus de produits agricoles qu’il n’en a importé avec un excédent de 9 milliards 200 millions de dollars, ce qui a contribué à réduire le déficit commercial total du pays. Cependant, force est de constater que malgré une forte augmentation de la production, la valeur ajoutée réalisée par le secteur agricole a tendance à diminuer. En effet, si ce secteur a enregistré une croissance spectaculaire ces derniers temps, c’est surtout dû à une augmentation des superficies et des récoltes, mais aussi à l’utilisation intensive de la main d’oeuvre, des capitaux et des intrants agricoles. Ce modèle de croissance a donc créé une grande quantité de produits à bas prix mais de qualité médiocre. La terre et les ressources naturelles en général n’ont pas été mises en valeur. Selon le ministre de l’Agriculture et du Développement rural Cao Duc Phat, il s’agit d’un problème de restructuration et d’orientation du développement. En clair, le ministre envisage d’augmenter la part des cultures, des élevages et de l’aquaculture dans le total de la production agricole. Il encourage par ailleurs les ménages à développer des productions à grande échelle et va tenter d’achever dès cette année la réorganisation des entreprises étatiques dépendant de son ministère. “Nous devons faire en sorte que la production continue d’augmenter mais que le revenu des habitants croisse encore plus vite. Il nous faut nous concentrer davantage dans l’aquaculture et l’élevage au lieu de nous éparpiller dans d’autres filières. Et même dans ces filières prioritaires, nous nous devons de trouver des plantes et des animaux à plus grande valeur ajoutée pour nous focaliser dessus. En outre, il faut appliquer des progrès scientifico-technologiques et des systèmes de production certifiés, pour que nos produits soient de meilleure qualité et puissent ainsi se vendre à des prix plus élevés.”, a déclaré Cao Duc Phat.
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La production rizicole doit être motorisée |
Pour les 10 prochaines années, le secteur agricole s’est fixé pour objectif une croissance de 20% au moins. En ce qui concerne le riz, son atout, il va motoriser la production tout en appliquant des progrès techniques pour aller dans le sens d’une riziculture durable. Tout en cherchant à réduire le coût de revient, il va veiller à la fois au rendement et à la qualité du riz, dans l’optique de garantir la sécurité alimentaire et de maintenir la place du Vietnam parmi les plus grands exportateurs du monde. Et il espère qu’en 2015, la valeur ajoutée du riz destiné à l’exportation aura augmenté de 15%, ce chiffre devant se situer entre 20 et 25% en 2020. Plusieurs organisations internationales ont prévu que dans 30 à 50 ans, le prix des produits agricoles continuerait de grimper dans le monde. Le Vietnam aurait donc tout à gagner en mettant en valeur sa production rizicole.
Dans le domaine de l’élevage, 2012 devrait marquer un passage des petits élevages éparpillés vers des fermes d’élevage industriel appliquant de hautes technologies. Mais ces fermes devraient avoir une envergure raisonnable qui correspond aux capacités financières, aux capacités de gestion et de traitement de l’environnement des propriétaires. Seront encouragés les modèles de production fermée qui relient tous les maillons de la chaîne de valeur. Hoang Kim Giao, directeur du département de l’Elevage, relevant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a souligné: “Selon les statistiques actuelles, les pays compte 7 millions et demi de foyers d’éleveurs. Dans la période actuelle, nous ne pouvons pas encore nous passer d’eux, il faut les incorporer dans des chaînes de gestion de la production, les réunir dans des coopératives, des groupes ou des alliances de production. Mais dans tous ces modèles de liaison, les entreprises doivent jouer un rôle coordinateur.”
L’aquaculture constitue une autre priorité du secteur agricole. Il doit y avoir plus de fermes aquacoles industrielles, intensives, à haut rendement qui utilisent des technologies propres selon les normes internationales. Les produits phares seront les crevettes, les pangas et les moules.
Dans un contexte de crise alimentaire et avec une nouvelle vision du développement, l’agriculture est en passe de devenir un domaine non seulement essentiel mais encore extrêmement attrayant pour les investisseurs. Riche en potentiels, l’agriculture vietnamienne pourrait rapporter gros. Elle est d’ailleurs en train de mener des réformes institutionnelles au profit des investisseurs mais aussi des agriculteurs. Le docteur Dang Kim Son, directeur de l’Institut des politiques et stratégies de développement agricole indique: “Prochainement, les défis seront nombreux mais les opportunités aussi, et en plus, nous en aurons quelques unes qui ne nous ont jamais été offertes jusqu’à ce jour. Je crois qu’avec leur audace, leur labeur et leur créativité, les agriculteurs vietnamiens seront les premiers à saisir ces chances pour s’enrichir eux-mêmes et enrichir le pays par la même occasion.”
Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a donc prévu une série de mesures concrètes dans son plan de restructuration de 2012. On est en droit de croire que ce plan permettra de donner un coup d’accélérateur à ce secteur et de favoriser l’enrichissement des agriculteurs sur leurs propres terres./.
Anh Huyen