(VOVworld) - Les Américains s’y attendaient depuis des mois. Les républicains ont déposé jeudi un projet de loi visant à abroger en grande partie la réforme-santé adoptée par l’administration précédente, réforme plus connue sous le nom d’Obamacare. Deux commissions de la Chambre des représentants ont commencé à débattre de cette nouvelle proposition de loi, qui est pourtant loin de faire l’unanimité, y compris au sein du parti républicain.
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Photo : AFP |
Intitulé AHCA (Americain Health Care Act), le projet de loi des républicains propose donc d’abroger une grande partie de l’Obamacare, qui demandait notamment aux Américains d’acheter une assurance-maladie sous peine d’amende fiscale et qui obligeait les entreprises de 50 employés et plus à pourvoir ceux-ci d’une assurance… Les républicains, eux, proposent de supprimer les subventions accordées aux personnes aux revenus modestes pour qu'elles puissent obtenir une assurance privée. Ils suggèrent de les remplacer par des crédits d'impôt calculés en fonction de l'âge des bénéficiaires.
Aussitôt le texte mis en débat à la Chambre des représentants, des critiques se sont fait entendre de toutes parts.
Des pressions diverses
Les associations de médecins, d’hôpitaux, d’assureurs et de personnes âgées estiment que ce projet de loi pourrait priver de nombreuses personnes d’assurance-maladie, provoquant une hausse des dépenses de santé. Les assureurs, qui affirment n’avoir pas été consultés lors de l’élaboration du texte, craignent quant à eux de perdre une grande part de leur clientèle.
Les opposants les plus farouches sont évidemment les démocrates, qui affirment que la proposition républicaine aura des impacts négatifs sur le budget et sur les soins médicaux. Ils accusent les républicains d’avoir agi à la hâte en soumettant leur projet à deux commissions de la Chambre des représentants, au lieu d’attendre que le bureau budgétaire du Congrès n’en analyse les conséquences. Néanmoins, même au sein du Parti républicain, ce projet ne convaint pas tout le monde. Certains conservateurs estiment qu’il a gardé trop de choses de l’Obamacare, alors que d’autres, des gouverneurs notamment, estiment qu’à cause de cette nouvelle politique, des millions de personnes à bas revenus pourraient ne plus acheter d’assurance-maladie, ce qui obligerait alors les administrations de chaque Etat à dépenser beaucoup plus pour leur offrir une couverture. Il faut dire que le projet de loi propose de geler l’adhésion au programme Medicaid destiné aux plus pauvres étendu par l’Obamacare à quelque 20 millions de personnes supplémentaires, à partir du 1er janvier 2020.
Pourquoi l’Obamacare est-il condamné à mourir?
L’Obamacare, qui a permis à une majorité d’Américains, et notamment à des personnes à bas revenus, d’être dotés d’une assurance-maladie, aura été le plus grand succès de Barack Obama au cours de ses deux mandats présidentiels. Entre 2013 et 2014, 8 millions 800 mille Américains ont ainsi pu être assurés, le taux de non-assurés passant de 20 à 10%. Reste que les personnes les plus aisées ont dû payer davantage d’impôts pour financer cette assurance-maladie, au grand dam des républicains qui, dès lors, n’ont eu de cesse de réclamer l’abrogation de l’Obamacare.
Toute réforme a besoin de temps
Mais revenons-en au nouveau projet de loi. Ses promoteurs républicains, mais également la Maison blanche s’efforcent actuellement de convaincre la frange la plus conservatrice du parti, au risque, et c’est là que le bât blesse, de se mettre les modérés à dos.
En principe, il faudrait trois semaines avant que les commissions de la Chambre des représentants fassent passer le texte devant le Sénat. Et il faut savoir que si ladite chambre est sous contrôle républicain, le Sénat l’est beaucoup moins. Or, tous les sénateurs démocrates voteront contre. A cela s’ajoute le fait que dans plusieurs Etats, la contestation monte déjà.
C’est une victoire à l’arrachée qu’avait obtenu Barack Obama en son temps. S’ils veulent prendre leur revanche, les républicains devront certainement eux aussi mener une lutte âpre et sans merci. La deuxième manche ne fait que commencer…