(VOVworld) – L'Ukraine a un nouveau gouvernement et un nouveau Premier ministre, mais le climat demeure fort instable dans le pays, notamment en Crimée pro-russe. Les tensions s’aggravent depuis que les troupes russes sont arrivées. Les événements du week-end dernier en Crimée ont fait ressurgir les anciens antagonismes Est et Ouest, exhalant des relents de guerre froide.
Des commandos armés pro-russes ont pris de fait le contrôle de la Crimée. Photo: AFP
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Des réunions d’urgence ont été convoquées consécutivement auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’OTAN, de l’Union européenne. Des entretiens téléphoniques se sont multipliés entre les leaders occidentaux et leurs homologues russes, sans oublier les menaces et avertissements.
Un large éventail de sanctions contre la Russie
Catherine Ashton, Haute représentante pour les affaires étrangères européenne a déclaré que l'Union européenne avait décidé de limiter la délivrance de visas et de geler les avoirs financiers des personnes responsables des violences en Ukraine. Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a pour sa part déclaré : « Si la Russie ne décide pas de contribuer de manière crédible et rapide à la désescalade, nous devrons prendre des décisions qui affecteront nos relations ». Ces « décisions » risquent d’altérer les négociations en cours destinées à faciliter l’obtention de visa pour les ressortissants russes, celles sur un futur accord de partenariat et de coopération entre Moscou et les 28, mais aussi le blocage des biens des officiels russes.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Barack Obama et Vladimir Poutine se sont entretenus au téléphone de la crise de Crimée pendant une heure et demie. Le refus de la Russie de faire revenir ses troupes militaires à leurs bases en Crimée « influe de manière négative sur la réputation de la Russie au sein de la communauté internationale » et « entraînera un isolement politique et économique plus profond », a mis en garde le président américain.
Suite à cet avertissement, Washington a gelé toutes les négociations commerciales avec Moscou. Le Pentagone a aussi annoncé que les Etats-Unis avaient « suspendu tous les liens militaires » avec Moscou. « Cela comprend les exercices et réunions bilatérales, les escales de navires et les conférences de planification militaire », a affirmé le porte-parole de la défense américaine.
Côté commerce, Londres, Paris et Ottawa ont joint leur voix à celle de Washington en suspendant leur participation aux préparatifs du sommet du G8, qui doit se tenir en juin à Sotchi.
Pour sa part, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que l'action de la Russie en Ukraine « menacait la paix et la sécurité en Europe », et que Moscou devait « cesser ses activités militaires et ses menaces ».
Une réaction dure de Moscou
En réponse, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé les menaces de « sanctions » et de « boycottage » des Occidentaux.
De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a expliqué que son intervention militaire en Crimée avait pour le seul but de « protéger les intérêts des populations russophones » en cas de violences dans l'Est de l'Ukraine et en Crimée. Il a estimé que la vie des Russes résidant en Ukraine était menacée par les « actions criminelles des ultranationalistes » ukrainiens.
Il faut régler par voie diplomatique
Les Occidentaux ne croient pas à l’efficacité des menaces contre Moscou. Aux Etats-Unis, le sénateur Christopher Murphy pense que les sanctions prises par Washington ne valent pas sans la coopération de l’Europe. L’ancien secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates a mis en garde le président Obama contre des décisions prises à la hâte. Selon lui, Obama sera en grande difficulté si ses alliés européens n’entreprennent pas des actions adéquates. Le sénateur républicain, John McCain, a qualifié quant à lui de ridicule le boycottage du G8 à Sotchi.
Berlin s’est opposée aussi au boycottage du G8 et a appelé les pays membres à réviser leur décision.
Les sanctions bancaires ou le gel des avoirs russes sont irréalistes compte tenu que l’Union européenne, qui entreprend des relations économiques étroites avec la Russie, sera la première à mettre son veto.
25% du gaz combustible en Europe est fourni par Moscou, a révélé le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, en soulignant que les liens russo-européens étaient forts. Washington ne peut pas ignorer non plus la position russe quant à la question syrienne ou au dossier nucléaire iranien, ainsi que d’autres grands dossiers internationaux.
De l’avis des experts, cette crise en Crimée constitue la « divergence majeure » entre la Russie et les Occidentaux de l’après Guerre froide. La voie du dialogue et de la négociation sera plus efficace que les menaces et les sanctions, s’ils veulent se sortir de cette impasse./.