Irak: crise politique et violences

(VOVworld)- Près de 3 ans après le retrait des derniers soldats américains de l’Irak en décembre 2011, le pays replonge dans la violence en raison de la fulgurante progression des djihadistes sunnites de l’Etat islamique. L’Irak a par ailleurs été secoué par une nouvelle crise politique après que son président ait désigné un nouveau Premier ministre pour remplacer Nouri Al-Maliki, qui refuse de quitter le pouvoir.

Suite à l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique, l’Irak revient à la Une des journaux en tant que point conflictuel de la région.

Impuissance du régime devant la progression des djihadistes

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Photo: Reuters

Depuis juin, de nombreuses villes contrôlées par le gouvernement irakien sont tombées aux mains des combattants de l’Etat islamique qui ne cessent de gagner du terrain surtout dans le Nord du pays. Des dizaines de milliers de personnes, des yézidis et des chrétiens pour la plupart ont été forcées de fuir. Le gouvernement irakien a accusé les combattants de l’Etat islamique d’avoir assassiné plus de 500 membres de la minorité yézidie en Irak, avant de les ensevelir dans des fosses communes. Le ministre irakien aux droits de l’homme, Mohammed Shia al-Sudani a affirmé détenir la preuve selon laquelle des enfants et des femmes yézidis avaient été enterrés vivants par les djihadistes. Une catastrophe humanitaire qui risque de s’exporter dans les régions en conflit. Le 3 août dernier, les combattants de l'État islamique se sont emparés du plus grand barrage d'Irak, au nord de Mossoul. Ils contrôlent donc désormais l'approvisionnement en eau et en électricité d'une vaste zone. Presque chaque jour, la police irakienne annonce des enlèvements, des attentats à la bombe et des exécutions menés par les djihadistes dans des villages et villes sur l’ensemble du pays.

Face à cette situation, Washington a décidé de mener des raids aériens pour intercepter la progression de l’Etat islamique. C’est la première fois que l’armée américaine intervient dans ce pays depuis 3 ans. Ces frappes aériennes ont détruit les bases militaires et un important volume d’armes des djihadistes. Mais, il s’agit seulement d’une alternative freinant leur avancée et pas d’une solution permettant de mettre un terme aux violences. Le président américain Barack Obama, lui même, a reconnu que la crise irakienne ne serait pas réglée immédiatement.

Et une nouvelle crise politique

Alors que les violences sévissent dans plusieurs villes, l’Irak connait aussi une autre crise, politique, cette fois-ci. La tension était en effet à son comble dans la capitale irakienne quand le président Fouad Massoum a chargé le président de l’Assemblée nationale Haïdar al-Abadi de former un nouveau gouvernement. Rappelons que le premier ministre en place depuis 2006, le chiite Nouri al-Maliki, a refusé de céder le pouvoir et a accusé ouvertement le président de violer la Constitution. Cette désignation est soutenue par l’ONU et les Etats-Unis car Nouri Al-Maliki est critiqué de toutes parts pour son autoritarisme. Il est même accusé d'avoir favorisé en partie l'émergence des djihadistes sunnites de l'État islamique en nourrissant les frustrations de la communauté sunnite irakienne. Durant 8 ans au pouvoir, Nouri Al-Maliki est fortement critiqué pour n’avoir rien fait pour la réconciliation nationale. A l’inverse, on observe que la division entre les communautés s’est même creusée durant son mandat en raison de sa politique discriminatoire et autoritaire.

Malgré les critiques, le Premier ministre sortant s’accroche toujours au pouvoir, estimant détenir la légitimité pour un troisième mandat. Son attitude aggrave la crise politique en Irak, le pays ayant plus que jamais besoin d’un gouvernement solidaire pour contrer les djihadistes de l’Etat islamique. 11 ans après la chute de Saddam Hussein, l’Irak est toujours plongé dans la spirale de la violence./.

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