Iran/Arabie saoudite : de nouvelles tensions sur fond de Hadj

(VOVworld) - Cette année, les Iraniens n’iront pas en pèlerinage à La Mecque, a annoncé Téhéran, qui a aussi pointé du doigt les « entraves » posées par l’Arabie saoudite, au risque de provoquer un regain de tension entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier.

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C’est la première fois depuis 30 ans que les Iraniens ne pourront pas effectuer leur pèlerinage traditionnel. Photo: premiumtimesng

C’est la première fois depuis 30 ans que les Iraniens ne pourront pas effectuer leur pèlerinage traditionnel. L’Iran, qui est le pays comptant le plus grand nombre de chiites, n’est en effet pas parvenu à trouver un accord avec l’Arabie saoudite.

Un dialogue de sourds... 

Une délégation iranienne s’était rendue le 27 mai en Arabie saoudite pour tenter de s’entendre sur les conditions dans lesquelles les fidèles iraniens pourraient se rendre à la Mecque. Mais elle a dû quitter Riyad sans y être parvenu. Le ministère iranien des Affaires étrangères a ensuite reproché à l’Arabie saoudite de se montrer trop pointilleuse pour tout ce qui touche à la délivrance des visas d’entrée et à la garantie de la sécurité. L'Organisation iranienne du Hadj a quant à elle accusé les autorités saoudiennes de vouloir priver les Iraniens d’accomplir le  Hadj. L’Iran a posé des conditions « inacceptables », a rétorqué le ministre saoudien des Affaires étrangères, qui a même dénoncé une volonté de politiser le  pèlerinage. C’est l’Iran qui doit être tenu pour responsable du fait que les Iraniens ne pourront pas accomplir le grand pèlerinage de la Mecque cette année, a-t-il affirmé.   

Ce dialogue de sourds du 27 mai était la deuxième tentative que s’étaient offert les deux pays pour tenter de s’entendre sur l’organisation du pèlerinage de cette année, la première ayant eu lieu en avril. Rappelons qu’une gigantesque bousculade avait fait 2 300 morts dont 464 Iraniens, lors du dernier Hadj de septembre 2015. Téhéran avait alors accusé Riyad d’être incapable de garantir la sécurité des pèlerins.  

... qui masque une rivalité de longue date

Cet incident n’est que le nouvel épisode d’une rivalité de longue date. Les deux grandes puissances du Moyen-Orient se sont toujours plus ou moins disputées l’hégémonie régionale, se posant chacune comme le défenseur de l’un des deux grands courants de l’Islam, le chiisme pour Téhéran et le sunnisme pour Riyad. C’est en tout cas pour cette raison qu’elles s'opposent ouvertement sur toutes les crises régionales. L’Iran et l’Arabie saoudite s'affrontent indirectement en Syrie, où Téhéran soutient le régime du président Bachar al-Assad, alors que Ryad appuie des groupes rebelles armés. Les deux pays s'opposent aussi sur le Yémen, où l'Iran soutient les rebelles Houthis et dénonce régulièrement les bombardements de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. Mais ce n’est pas tout. Cet antagonisme irano-saoudien a également ses répercussions en Irak, au Bahreïn ou encore au Liban.

Même chose pour le nucléaire. L’Arabie Saoudite voit d’un très mauvais oeil la levée progressive des sanctions internationales à l’encontre de l’Iran : en revenant dans le jeu diplomatique international, Téhéran pourrait en effet accroître son influence régionale...     

C’est suite aux attaques menées par des manifestants iraniens contre l’ambassade saoudienne de Téhéran au lendemain de l’exécution du cheikh chiite Al-Nimr par l’Arabie saoudite, que Riyad a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec la République islamique.  Début 2016, Riyad a aussi interdit à la compagnie aérienne iranienne « Mahan Air » de survoler l’espace aérien saoudien et a décidé de ne plus délivrer de visas  d’entrée aux Iraniens.

Cette décision de Téhéran de « boycotter » le pèlerinage de la Mecque n’est bien évidement pas de nature à apaiser les tensions. Mais elle devrait surtout  profiter à l’Etat islamique qui fait de l’instabilité régionale son pain bénit.    

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