(VOVWORLD) - Shinzo
Abe est attendu ce jeudi en Chine pour ce qui sera la
première visite officielle d'un premier ministre japonais depuis 2011, et ce,
dans un contexte de rapprochement des deux puissances rivales face à la guerre
commerciale livrée par les États-Unis.
Le premier ministre japonais Shinzo Abe et le président chinois Xi Jinping - Photo Kyodo News
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Ce déplacement s'inscrit
dans un long processus de réconciliation, six ans après la nationalisation
par l'État nippon des îles Senkaku, îles que
Pékin revendique également sous le nom de Diaoyu. Cette décision avait alors
provoqué l’ire de Pékin. Les relations entre les deux pays, déjà dégradées par
des contentieux historiques relatifs à la Seconde guerre mondiale, en ont bien
sûr pâti. Il faudra attendre fin 2014
pour que s'amorce un timide dégel, symbolisé par une poignée de mains sans
chaleur entre Shinzo Abe et le président chinois Xi Jinping. Depuis, les
deux hommes ont eu d'autres entrevues, toujours en marge de conférences et
sommets internationaux. A noter également que le chef de l’État chinois ne
s’est pas rendu au Japon depuis 2010.
Un bon moment…
Le ton devrait être cordial
en ce 40e anniversaire du Traité de Paix et d'amitié scellé en 1978
par Pékin et Tokyo. Sinon, il faut bien comprendre que cette visite de Shinzo
Abe en Chine fait suite à celle qu’avait effectué au Japon son homologue
chinois Li Keqiang. C’était au mois de mai dernier et les comentateurs y
avaient déjà vu l’esquisse d’un rapprochement entre les deux pays. Mais
aujourd’hui, le contexte est légèrement différent. Face à l’avalanche de droits
d edouane déclénchée par les États-Unis, Pékin et Tokyo se doivent de faire
front uni.
…pour un retour à la normale
L’objectif
de cette visite est donc « un retour à la normale », qui est de
l’intérêt de Pékin au moins autant que de celui de Tokyo.
Avant son
départ pour Pékin, le chef du gouvernement nippon s’est déclaré prêt à porter les
relations bilatérales à une nouvelle hauteur. Le Japon souhaite conjuguer
ses efforts avec la Chine pour maintenir la paix et la stabilité dans la région,
a assuré Shinzo Abe, qui a également lancé l’initiative d’un sommet tripartite Chine-Japon-République
de Corée.
Sur le plan économique, il semblerait que la guerre commerciale avec les
États-Unis ait contribué à rapprocher un peu les deux rivaux asiatiques. Lors
de son séjour de 3 jours en Chine, Shinzo Abe, dont la délégation comprend 500
hommes d’affaires, devrait assister à un forum d’affaires bilatéral, au cours
duquel il ne devrait être question que de redynamiser les échanges commerciaux
et les investissements. Parmi les mesures envisagées, figure la réouverture des
échanges directs en yen et en yuan, échanges
suspendus depuis 2013 en raison des tensions bilatérales. A noter que la Chine
est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Japon, qui de son côté, est
son deuxième partenaire commercial après les États-Unis et son 4e
investisseur étranger.
Il ne faut pas se cacher néanmoins que
les tensions demeurent nombreuses entre les deux pays. La semaine dernière
encore, le gouvernement nippon protestait contre une nouvelle incursion de
navires chinois aux environs des fameuses îles Senkaku, situées en mer de Chine
orientale. Le Japon s’inquiète par ailleurs régulièrement des ambitions
militaires et navales de son puissant voisin dans la région.
Mais ce sommet a avant tout une portée
symbolique, et symbole pour symbole, Shinzo Abe espère repartir avec la
promesse d’une visite du président chinois au Japon dès l’an prochain.