(VOVworld)- Genève II, cette conférence de paix tant attendue sur la Syrie devrait débuter ce mercredi à Montreux, en Suisse. La communauté internationale espère qu’elle permettra de lancer le processus de formation d’un gouvernement de transition, lequel agira pour mettre fin à la guerre civile qui dure depuis 3 ans en Syrie. Force est de constater cependant que les divergences et les désaccords profonds entre les parties risquent de mettre à mal tout effort de négociation.
La délégation syrienne à la conférence devrait être conduite par le ministre des Affaires étrangères Walid al-Muallem et celle de l’opposition par le président de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba. Mais il devrait y avoir également une dizaine de représentants de groupes ethniques et groupes d’opposition, ainsi que des représentants d’une bonne quarantaine de pays et d’organisations internationales.
Plus d’un an après le début du conflit syrien (mars 2011), Moscou et Washington sont convenus que seule une solution politique permettrait de résoudre la crise dans ce pays du Moyen-Orient. En juin 2012, des officiels russes, américains et d’autres grandes puissances se sont réunis à Genève, où ils ont conclu un itinéraire de transition politique en Syrie, autrement appelé « déclaration commune de Genève ». A ce jour, tout effort visant à matérialiser cette déclaration a échoué. La principale raison, c’est que les parties concernées n’ont pu se mettre d’accord sur le rôle du président al-Assad pendant et après cette période de transition./.
Un grand fossé entre le gouvernement syrien et l’opposition
Même si finalement, la Coalition nationale syrienne a confirmé sa participation à Genève II, après le retrait par l’ONU de l’invitation faite à l’Iran, principal allié du gouvernement de Bachar al-Assad, elle ne s’est pas abstenue de déclarations non-constructives. En effet, le représentant de cette coalition a déclaré que son organisation irait à la conférence dans le seul but de renverser le président al-Assad. Pendant ce temps, les autres groupes d’opposition en Syrie ont boycotté la conférence, estimant qu’elle n’était qu’un leurre.
En réponse, le gouvernement syrien a signifié clairement qu’il n’accepterait pas la demande de l’opposition. « Ceux qui veulent le départ d’al-Assad doivent se réveiller », a dit le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Muallem. Le président al-Assad, lui-même, a souligné qu’il briguerait un nouveau mandat lors de la prochaine élection présidentielle, en juin. Pour lui, la conférence Genève II doit se focaliser sur la lutte contre le terrorisme, en mettant fin au soutien en faveur des groupes terroristes armés en Syrie. Il s’agit d’une partie importante de n’importe quelle solution politique pour la Syrie, a-t-il estimé.
Mais les divergences n’existent pas seulement entre le gouvernement syrien et la coalition des opposants, elles sont aussi présentes au sein de cette coalition. Aussitôt après la confirmation par la coalition de sa participation à Genève II, le Conseil national syrien, principal groupe d’opposition du pays, a déclaré qu’il se retirerait de cette coalition pour marquer sa désapprobation. La raison qu’il a avancée, c’est qu’en participant à la conférence, il ne respecterait plus son engagement de refuser toute négociation tant que le président al-Assad restera encore au pouvoir.
L’Iran soudainement marginalisé
Et pour ne rien arranger, alors que le fossé se creusait entre le gouvernement syrien et l’opposition, l’ONU a soudainement annulé son invitation faite à l’Iran, principal allié du régime d’al-Assad.
Il faut savoir que quelque temps auparavant, le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov avait critiqué l’attitude négative de l’opposition syrienne vis-à-vis d’une éventuelle participation de l’Iran à Genève II. Si l’Iran n’y est pas, la session plénière sera comme une farce, a-t-il prévenu. Selon le chef de la diplomatie russe, comme le gouvernement syrien a accepté de se mettre à la table des négociations sans avancer de condition préalable, les pays qui fournissent des aides financières et des armes à l’opposition syrienne doivent faire de même.
De Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hong Lei a également souligné que les pays de la région devaient jouer un rôle important dans la recherche d’une issue politique à la crise syrienne.
Il est donc clair que le retrait par l’ONU de son invitation faite à l’Iran est vu d’un mauvais œil par la Russie et par la Chine. D’ailleurs, cette décision va vraisemblablement compliquer les négociations sur la Syrie.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a espéré que Genève II serait un moyen de transition pacifique en Syrie. Néanmoins, ce qui se passe actuellement sembler aller à l’encontre de ses attentes.