La confrontation sur l’échiquier politique égyptien

(VOVworld)-La tension est montée d’un cran dans l’arène politique égyptienne, suite à la décision prise par la haute cour constitutionnelle d’invalider le parlement et de suspendre le décret du président visant justement à rétablir le parlement dissous. Les hostilités sont donc déclarées entre le président nouvellement élu Mohamed Morsi et l’armée égyptienne, qui détient les rênes du pouvoir.



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Les Frères musulmans accusent les militaires d'avoir orchestré la dissolution du Parlement pour s'adjuger le pouvoir législatif, dénonçant un véritable "coup d'Etat" (AFP/lepoint.fr)


A peine sortie d’un scrutin présidentiel historique, l’Egypte est plus que jamais en proie à des disputes de pouvoir. La publication du décret présidentiel visant à rétablir le parlement dissous a engendré des réactions contrastées au sein de l’opinion. Alors que l’armée et la haute cour constitutionnelle déclarent que tout verdict de la haute cour constitutitionnelle doit être respecté, le gouvernement du président Mohamed Morsi affirme que ce décret est parfaitement constitutionnel. Ce qui est certain, c’est que Mohamed Morsi a d’emblée instauré un rapport de force avec  les dirigeants très influents de l’armée.

Mardi, la haute cour constitutionnelle égyptienne a suspendu le décret du Président visant à rétablir le parlement dissous. Elle a aussi rappelé que le verdict de la cour sur l’invalidation du Parlement et sur l’illégitimité des élections devait être appliqué. Dimanche dernier, le conseil suprême des forces armées, qui a transféré le pouvoir au Président Mohamed Morsi le mois dernier, s’est réuni d’urgence pour discuter du décret visant à rétablir le Parlement dissous. Dans un geste qui semble faire fi du conseil suprême des forces armées, le Parlement égyptien a, lui aussi, convoqué mardi une réunion. Dans son discours d’ouverture qui a été retransmis en direct à la télévision, le président du parlement Saad al-Katatni a déclaré que la réunion en question visait à examiner les jugements de la haute cour constitutionnelle. L’opinion publique estime quant à elle que ces discordes font monter d’un cran la tension entre le président Mohamed Morsi, la haute cour constitutionnelle et le conseil suprême des forces armées. Face à ces nouvelles évolutions sur l’échiquier égyptien, mardi dernier, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a dû appeler toutes les parties à mettre fin à la crise.




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Manifestation sur la place Tahrir après le discours du président Morsi, le 29 juin. (Photo : Khalil Hamra/AP/SIPA)



Mais revenons au décret de dimanche dernier du Président Mohamed Morsi, selon lequel, le parlement devait être rétabli jusqu’à ce qu’un nouveau Parlement soit élu. Selon le porte-parole du Président, ce décret ne viole ni ne va à l’encontre du verdict de la haute cour constitutionnelle, la décision du Président étant tout à fait constitutionnelle. Selon ce décret, a-t-il fait également observer, de nouvelles élections législatives anticipées doivent être organisées sous les 60 jours aussitôt après l’approbation par référendum de la nouvelle constitution.

Ce décret est en tout cas considéré comme allant à l’encontre de la décision prise le mois dernier par le conseil suprême des forces armées, décision qui invalidait le Parlement, suite au verdict de la haute cour constitutionnelle. Le 14 juin, la cour avait jugé qu’un tiers des députés élus cette année l’avaient été frauduleusement et que la loi sur « l’isolement politique » interdisant aux dirigeants de l’ancien régime de mener des activités politiques était anti-constitutionnelle. Le 15 juin, soit la veille du deuxième tour des présidentielles en Egypte, le conseil suprême des forces armées a ordonné la dissolution du parlement, suivant aisni le verdict de la haute cour constitutionnelle. A rappeler que lors des élections législatives tenues au début de cette année, le Parti Liberté et Justice du mouvement des Frères musulmans avait  remporté 235 des 508 sièges, soit plus de 47% des sièges de la chambre basse.

La discorde existe donc bel et bien entre l’armée et le mouvement des Frères musulmans. L’élection de Mohamed Morsi  marque un virage dans le processus vers l’instauration d’une nouvelle démocratie en Egypte, suite au renversement du président Hosni Moubarak. La victoire de Mohamed Morsi a permis au mouvement des Frères musulmans d’arriver au pouvoir 84 ans après sa naissance. Cependant, elle ouvre une nouvelle phase de dispute de pouvoir entre ce mouvement, représenté par Mohamed Morsi et l’armée qui detient depuis longtemps le pouvoir dans ce pays d’Afrique du Nord. La publication par le nouveau président d’un décret visant à rétablir le Parlement où les Frères musulmans étaient majoritaires a donc été la goutte qui aura fait déborder le vase. De l’avis des observateurs, Mohamed Morsi visait ainsi à reprendre le pouvoir des mains de l’armée. Le rétablissement du parlement avait également pour objectif d’élargir les pouvoirs du président pour les politiques importantes du pays. Une fois le Parlement invalidé, les disputes de pouvoir entre l’armée et le mouvement des Frères musulmans ne pouvaient qu’augmenter, faisant ainsi perdre beaucoup de signification à la victoire de  Mohamed Morsi.

L’opinion publique estime donc que l’Egypte entre dans une nouvelle crise politique et que les discordes entre le gouvernement actuel et l’armée ne font que commencer.

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