(VOVworld)-Ces derniers temps, la Syrie est sous le feu des projecteurs. Les politologues n’hésitent plus à évoquer le risque d’une guerre civile, risque qui s’accroît à mesure que les chances de réussite du plan de paix de l’ONU et de la Ligue Arabe semblent chaque jour de plus en plus compromises. Malgré les efforts déployés par la communauté internationale et les élections législatives qui viennent d’avoir lieu, la violence reste monnaie courante dans ce pays du Proche-Orient, qui se retrouve au bord du précipice.
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Mercredi, le 9 mai, une attaque à l’explosif a visé un convoi de l’ONU à l’entrée de Deraa, berceau de la contestation dans le sud de la Syrie. Le chef des observateurs de l’ONU, le général Robert Mood, se trouvait dans le convoi, mais il est sain et sauf. Cela dit, l’événement sonne comme un avertissement : désormais, les attaques peuvent viser n’importe qui, y compris le chef de la mission en charge de superviser la mise en place du cessez-le-feu de l’ONU dans ce pays. Cet accroissement de la violence est bien sûr de nature à compromettre les chances de réussite du plan de paix proposé par Kofi Annan, l’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue Arabe. Mardi, en s’adressant au Conseil de Sécurité de l’ONU, celui-ci avait noté une légère diminution des violences depuis l’arrivée des observateurs onusiens. Il a toutefois reconnu que ni les forces gouvernementales, ni les groupes armés de l’opposition, n’avaient totalement baissé la garde. Il a également fait observer que son plan de paix pourrait être « la dernière chance » d’éviter une guerre civile. De leur côté, les analystes estiment qu’un échec de ce plan de paix pourrait avoir de graves répercussions, aussi bien au niveau de la Syrie qu’à celui de la région toute entière.
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Kofi Annan, l’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue Arabe
Seule une bonne volonté des protagonistes, doublée des efforts de la communauté internationale, pourrait permettre de trouver une issue. Mais au lieu de soutenir les efforts de médiation, certaines puissances, dont les Etats-Unis, continuent de faire pression sur le régime du président Bashar al-Assad en lui imposant des sanctions de plus en plus lourdes. Mercredi, le président américain Barack Obama a ainsi décidé de prolonger d’une année les sanctions contre la Syrie, invoquant « une menace inhabituelle et extraordinaire » que représenterait selon lui ce pays pour la sécurité nationale américaine. La veille, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, avait accusé le régime en place de ne pas observer le plan de paix de l’ONU, et indiqué que Washington continuerait de fournir des équipements logistiques aux forces d’opposition.
Forte d’un appui extérieur grandissant, l’opposition syrienne se livre à une véritable escalade de la violence. Avant les élections législatives du 7 mai dernier, les leaders de l’opposition avaient appelé les électeurs à boycotter le scrutin, considéré comme un « complot » ourdi par le président Bashar al-Assad en vue de rester au pouvoir. Mais, plus grave, une série d’attentats à la bombe avait causé de lourdes pertes humaines, un peu partout dans le pays. Grâce à des mesures de sécurité, ces élections ont finalement pu avoir lieu sans heurts. Elles sont toutefois considérées par Washington comme « une farce ».
A présent, la Syrie doit faire face à des défis majeurs. Selon le président de la Croix-Rouge internationale, Jacob Kellenberger, la demande en aide humanitaire est en hausse. La Croix-Rouge aurait besoin de 27 millions de dollars pour y répondre. Par ailleurs, selon le ministre syrien du Pétrole et des Ressources Naturelles, Sufian Allaw, les sanctions imposées par l’Occident contre les exportations pétrolières de la Syrie ont déjà fait perdre quelque trois milliards de dollars.
La communauté internationale œuvre pour empêcher une guerre civile en Syrie. Kofi Annan devrait y retourner dans les semaines qui viennent pour persuader les parties concernées de respecter le plan de paix. De son côté, le secrétaire général de l’ONU appelle à achever rapidement la mise en place des observateurs onusiens. Jusqu’à présent, plus de 130 observateurs sont arrivés en Syrie. Ce nombre devrait atteindre 300 ce mois-ci. Pour peu que les parties concernées aient un réel désir de concorde, les efforts de la communauté internationale pourraient porter leurs fruits. Mais hélas, on n’en est pas encore là, loin s’en faut.