(VOVWORLD) - Ce dimanche 1er septembre, le monde commémorera le 85e anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, une guerre sanglante à laquelle a succédé une guerre froide. Cette commémoration survient à un moment où la paix mondiale est fragilisée comme jamais encore depuis la fin de la guerre froide. Un état des lieux pour le moins inquiétant, que nous délivre DL.
Des risques de conflit accrus…
La Conférence de Munich sur la sécurité. Photo: securityconference |
En mars dernier, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, constatait que le monde n’avait jamais été aussi divisé en l’espace de trois quarts de siècle, et que la paix mondiale s’en trouvait sérieusement menacée.
Plus de cinq mois plus tard, la situation ne s'est guère améliorée. Les deux conflits majeurs, en Ukraine et dans la bande de Gaza, continuent de s'éterniser, avec une escalade dangereuse et la perspective d'une impasse diplomatique. En particulier, le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza s'étend désormais à la région. Les attaques de représailles entre Israël et l'Iran et le Hezbollah au Liban, au cours des derniers mois, ont progressivement franchi les «lignes rouges» tracées implicitement depuis des années, menaçant d'exploser en une guerre embrasant tout le Moyen-Orient. En Afrique, la guerre civile au Soudan, qui dure depuis près d’un an et demi, fait du pays le théâtre de la pire catastrophe humanitaire du monde, avec environ 54% de la population souffrant de famine, et plus de 10 millions de personnes, soit un Soudanais sur cinq, fuyant leurs foyers. Des risques de conflit s’accentuent également en Afrique de l'Ouest et dans la région du Sahel, avec la montée en puissance des affiliés au groupe terroriste État islamique, ou en Asie du Nord-Est, alors que la situation dans la péninsule coréenne se complique.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse sur les nouvelles politiques de l'ONU, tenue à New York, aux États-Unis, le 20 juillet 2023. Source : THX/AVI |
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu le 21 août une réunion de haut niveau pour discuter de l'élaboration d'un nouvel ordre du jour sur la prévention des conflits régionaux et nationaux. L’occasion pour Elizabeth Spehar, assistante au secrétaire général de l’ONU, en charge des affaires politiques et du rétablissement de la paix, de tirer la sonnette d’alarme.
«La paix est l'objectif fondamental de l'ONU. Le rétablissement et le maintien de la paix sont au cœur des travaux du Conseil de sécurité et de l'ONU, mais le nombre de conflits dans le monde est à son plus haut niveau depuis des décennies, causant des souffrances inimaginables, détruisant des économies et privant des communautés entières de perspectives d’avenir», a-t-elle déclaré.
Malgré les critiques et le scepticisme quant à la capacité de l'ONU et du Conseil de sécurité à assurer la paix et la sécurité internationales, cette organisation joue toujours un rôle clé dans l'élaboration et la mise en œuvre de mécanismes de paix. Au Moyen-Orient, face à la perspective d’une guerre totale, le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé, le 28 août, de prolonger d'un an le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).
Le représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l'ONU, Dmitri Polyanskiy. Photo: AP |
Il s'agit d'une décision rare qui s’appuie sur le consensus de tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU, y compris les pays qui sont en litige au Conseil de sécurité, en particulier les membres permanents disposant d'un droit de veto. Selon le représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l'ONU, Dmitri Polyanskiy, la FINUL joue actuellement un rôle clé en empêchant les parties en Israël et au Liban de franchir la Ligne bleue, qui est la ligne de démarcation entre le Liban, Israël et le plateau du Golan, conformément à une résolution de l'ONU de 2000.
… ajoutés à une pénurie de ressources
Les efforts de l'ONU pour maintenir la paix dans le monde se heurtent à de nombreux défis. D'une part, le retour de formes de concurrence stratégique entre grandes puissances, rappelant celles de la guerre froide, érode l'ancien ordre mondial, sapant l'efficacité de nombreux mécanismes anciens. D'autre part, les agences de l'ONU rencontrent de sérieuses difficultés financières. À l'heure actuelle, l'ONU mène 11 missions de maintien de la paix dans le monde, avec un total de 70.000 soldats, policiers, civils et un financement de 5,59 milliards de dollars pour l'exercice 2023-2024. Ce montant est inférieur de 700 millions de dollars à celui de l'exercice précédent et est considéré comme insuffisant pour couvrir les besoins en matière de maintien de la paix, car à elles seules, trois missions de paix en Afrique (Soudan du Sud, République centrafricaine, République démocratique du Congo) représentent déjà plus de 50 % de ce financement. Le manque de ressources financières a contraint l'ONU à réduire certaines missions politiques spéciales. Cependant, la directrice exécutive de l'ONU Femmes, Sima Bahous, a estimé que cette décision était de nature à compromettre de nombreuses avancées enregistrées au cours des dernières décennies, en particulier en Afrique.
«Nous recommandons au Conseil de sécurité d'accorder plus d'attention aux questions financières. Le Fonds pour la consolidation de la paix joue un rôle extrêmement important, aussi important qu'une meilleure coopération avec les institutions financières. En outre, il faut que toutes les réductions soient accompagnées d'un plan prévoyant des allocations de ressources appropriées au maintien de la paix et de la sécurité, de façon à préserver les avancées obtenues», a-t-elle proposé.
Selon les observateurs, le défi financier de l'ONU ne sera pas résolu de sitôt car cette crise dure depuis des années, et l'année dernière, le déficit du budget de fonctionnement de l'organisation a atteint 800 millions de dollars. D’après Michael Moller, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies, dans un contexte de division et de fragmentation du monde, de nombreux pays tentent de résoudre les problèmes à leur manière, ce qui fait que le rôle de l'ONU, en particulier sur le plan politique, est de plus en plus sous-estimé. En conséquence, de nombreux États membres, y compris des puissances de premier plan, ont réduit ou retardé leurs contributions financières annuelles à l'ONU, ce qui rend les missions de maintien de la paix de plus en plus difficiles.