La Tunisie confrontée au risque d’une seconde révolution
Anh Huyen -  
(VOVworld)- Considérée comme le pays ayant enregistré la meilleure réussite pour ses transitions démocratiques après «Le printemps arabe» qui a remué le Moyen Orient et l’Afrique du Nord à partir de 2010, la Tunisie s’enfonce actuellement dans l’instabilité politique. Les analystes ont commencé à parler d’un scénario à l’égyptienne ou d’une deuxième révolution après la révolution du jasmin de mars 2011 et ce, à cause de la profonde division entre le pouvoir islamiste et l’opposition.
Ces derniers jours, des milliers de tunisiens sont descendus dans la rue pour protester contre le gouvernement. Cela nous fait penser à ce qui s’est passé en Tunisie il y a plus de 2 ans maintenant, lorsque Mohamed Bouazir, un vendeur ambulant de Sidi Bouzid, s'immolait par le feu, après avoir reçu une gifle de la policière qui lui avait confisqué sa marchandise. C'était l'étincelle du mouvement de révolte qui a conduit au renversement du régime de Zine el-Abidine Ben Ali et qui a initié le printemps arabe au Moyen Orient et en Afrique du Nord.
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Par rapport aux autres pays que le printemps arabe a traversés, la Tunisie a connu une transition assez calme. Seulement quelques mois après la chute de Ben Ali, les Tunisiens ont organisé leurs premières élections démocratiques. Mais cette joie n’a pas duré longtemps car la division entre le parti au pouvoir et l’opposition persiste profondément. Les assassinats des deux chefs de l’opposition Chokri Belaïd en février dernier et Mohamed Brahmi en juillet dernier ont mis le feu aux poudres. La Tunisie s’enlise dans une grave crise politique depuis. L’oposition tunisienne a accusé le parti islamiste Ennahda, parti au pouvoir, d’être derrière ces assassinats. A la fin du mois de juillet dernier, bien que le ministère de l’intérieur tunisien ait attribué ces meutres au mouvement radical des salafistes, la colère de l’opposition persiste.
Les tensions se sont aggravées en Tunisie sous l’influence du coup d’Etat militaire en Egypte qui a conduit à la destitution du président Mohamed Morsi après seulement un an de pouvoir. Inspiré par cet évènement dans le pays voisin, les manifestants tunisiens sont redescendus dans les rues pour faire tomber le gouvernement. Un second scénario égyptien débuterait-il en Tunisie? Cette question a été posée par des analystes au vu des récentes évolutions politiques de ces deux pays. La raison principale de l’instabilité, c’est que la rue craint qu’on ne lui vole sa révolution et que l’Ennahda n’envisage de faire de la Tunisie un Etat islamique.
Par ailleurs, la situation devient plus complexe alors que les groupes terroristes augmentent leurs activités dans le pays. Fin juillet, huit militaires tunisiens sont morts lors d'échanges de tirs avec un groupe terroriste lié à Al-Qaïda, dans une zone proche de l’Algérie. L’opposition a accusé le gouvernement de n’avoir pas réussi à neutraliser ces groupes islamistes radicaux. De plus, les habitants ne croient plus au gouvernement alors que le taux de chômage s’élève à 18%, que la corruption se propage et que l’économie nationale stagne. Tous les ingrédients pour une seconde révolution sont là.
Face à la pression du peuple, Ali Larayed, Premier ministre tunisien et président du parti islamiste Ennahda a déclaré qu’il accepterait toutes les propositions qui permettraient de créer un gouvernement d’unité nationale en appellant à une élection générale le 17 décembre prochain. Cependant, il a réfuté la possibilité de démission de son gouvernement. Lundi, les premières négociations entre opposants et islamistes pour sortir le pays de la crise se sont soldées par un échec. Ces derniers appellent à manifester massivement ce mardi. Les analystes n’excluent pas la formation d’une deuxième révolution en Tunisie./.
Anh Huyen