(VOVWORLD) - C’est à Borgo Egnazia, un luxueux complexe touristique du sud de l’Italie, que se tient le sommet des chefs d’État et de gouvernement du G7, du 13 au 15 juin. Ce sommet se déroule dans un contexte où les pays occidentaux sont confrontés à de nombreux défis politiques internes mais aussi à des défis liés aux conflits géopolitiques et économiques.
Le sommet du G7 se déroule du 13 au 15 juin en Italie. Photo: DPA |
Outre les dirigeants du G7, ont été conviés en Italie le pape François, le Premier ministre indien Narendra Modi, le roi Abdallah II de Jordanie, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan, argentin Javier Milei et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Le secrétaire général des Nations Unies et les dirigeants de la Banque mondiale et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe sont également présents.
Priorité à l’Afrique
De gauche à droite: Le président du Conseil européen Charles Michel, le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre (PM) canadien Justin Trudeau, le président français Emmanuel Macron, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président américain Joe Biden, le PM japonais Fumio Kishida, le PM britannique Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors du sommet du G7 à Borgo Egnazia, en Italie, le 13 juin 2024. Photo: AFP/AVI |
Eu égard à la multiplication des conflits armés, aux confrontations géopolitiques, à la concurrence économique et aux défis liés au changement climatique et à l’intelligence artificielle (IA), le monde traverse une période de grande instabilité. Aussi le G7 veut-il transmettre un message d’action clair et visionnaire. La présidente du Conseil italienne, qui veut faire de l’Italie un «pont» entre l’Europe et l’Afrique, compte profiter du sommet pour mettre en avant son plan de développement et de coopération avec l’Afrique, qui vise notamment à réduire l’immigration clandestine en Europe. Dans son discours inaugural, Georgia Meloni a fait observer que le choix de la région des Pouilles, une région de la côte sud-est de l’Italie, symbolisait une main tendue vers le sud…
«En tant que présidente du G7, l’Italie veut donner plus d’espace aux autres continents qui jouent un rôle essentiel pour notre avenir, notamment l’Afrique. Compte tenu de toutes les opportunités et les défis qu’offre ce continent, nous nous devons d’adopter une approche différente de celle du passé», a-t-elle déclaré.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Photo: THX/AVI |
Dès le début de l’année, le gouvernement italien a lancé le plan “Mattei”, d'un montant de 5,5 milliards d’euros, pour promouvoir des modèles de coopération durables dans les domaines de l’énergie, de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’environnement, avec les pays africains. Cette initiative a été très appréciée par la communauté internationale. D’après le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il convient d’autant plus de prêter attention à l’Afrique que ce continent possède d’énormes ressources minérales qui jouent un rôle extrêmement important dans la transition énergétique mondiale. Le paradoxe, c’est que ce même continent représente moins de 1% de la capacité mondiale de production d’énergies renouvelables, a noté le patron de l’ONU, qui a aussi appelé le G7 à accroître ses soutiens financiers et technologiques pour aider le continent noir et d’autres pays en développement à répondre au changement climatique.
«Nous avons besoin d’un engagement clair de la part du G7 pour doubler le financement de l’adaptation au changement climatique l’année prochaine, et ce afin de réduire l’écart de financement dans ce domaine», a-t-il martelé.
Outre l’Afrique et le changement climatique, les conflits en Ukraine et à Gaza, les migrations et la région Indopacifique sont également au menu de ce sommet qui s'achèvera samedi. À noter aussi qu’une session spéciale sur la régulation de l'intelligence artificielle verra la participation du pape François.
Des actions urgentes…
Le sommet du G7 de cette année se déroule dans un contexte marqué par des problèmes internes à certains de ses pays membres. Le président américain Joe Biden, les Premiers ministres canadien Justin Trudeau et japonais Fumio Kishida voient actuellement leur cote de popularité baisser nettement. Joe Biden est à lui seul confronté à davantage de pression du fait de sa campagne présidentielle et des problèmes personnels liés au procès pour détention illégale d’arme à feu de son fils Hunter. En Europe, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz sortent très affaiblis des élections européennes qui viennent tout juste de se tenir, et à l’occasion desquelles ils ont essuyé des revers cinglants. Emmanuel Macron, en particulier, a convoqué des élections législatives anticipées à très haut risque pour le 30 juin et le 7 juillet. Quant au Premier ministre britannique Rishi Sunak, il se retrouve lui aussi face à un scrutin anticipé à l’issue pour le moins hasardeuse. Tout cela oblige les dirigeants des pays du G7 à accélérer de nombreux projets audacieux liés aux conflits géopolitiques en Ukraine et à Gaza, à la concurrence économique, à la gestion de l’IA, aux relations avec la Chine, avant que des changements politiques majeurs ne viennent bouleverser la donne en interne, comme l’estime Raffaele Marchetti, expert en relations internationales de l’Université Luiss de l’Italie.
«Ce sommet est d’autant plus particulier que certains dirigeants pourraient bien ne plus être en fonction dans un avenir proche, et où certains des pays membres pourraient connaître des changements poltiques majeurs. Il est clair que certains problèmes seraient alors réglés de manière très différente», note-t-il.
Partageant cet avis, Riccardo Alcaro, expert de l’Institut italien des relations internationales, a estimé que ce G7 était confronté à de nombreux défis et qu’il avait perdu de son influence. Les dirigeants du G7 doivent faire preuve de détermination et agir plus fort et plus rapidement, en a-t-il déduit.