(VOVworld) - Après quatre jours de combats, les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh et l'armée azerbaïdjanaise ont conclu un cessez-le-feu, ce mardi 5 avril. Même si cette trêve est globalement respectée jusqu’à présent, l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont sur la corde raide: sur place, les hostilités peuvent reprendre à chaque instant.
Jamais le Haut-Karabagh n'avait connu pareille flambée de violence depuis la trêve de 1994. Au moins 90 personnes ont trouvé la mort et des centaines d’autres ont été blessées. Force est de constater néanmoins que le cessez-le-feu conclu le 5 avril était globalement respecté 24 heures après son entrée en vigueur: une acalmie bienvenue pour cette région que se disputent l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
Un vieux conflit…
Majoritairement peuplé d’Arméniens, le Haut-Karabagh fait partie de l'Azerbaïdjan, mais a autoproclamé son indépendance en 1991, sans toutefois obtenir de reconnaissance sur le plan international. En 1994, l'Arménie et l'Azerbaïdjan avaient déjà signé un cessez-le feu au sortir de trois années de guerre qui s'étaient soldées par près de 30 000 morts des deux côtés. Mais ce cessez-le-feu n'aura pas tenu bien longtemps et la région est depuis restée le théâtre de violences plus ou moins sporadiques, violences auxquelles les rencontres bilatérales de haut rang qui ont été organisées depuis 2008 n'ont pas réussi à mettre fin.
Avec le cessez-le-feu obtenu le 5 avril, l’Arménie et l’Azerbaidjan se sont engagés à respecter le statu quo dans le Haut-Karabagh et à essayer de trouver une solution pacifique à leur conflit. Mais, les déclarations qui ont suivi la signature du cessez-le feu montrent bien que chacun reste campé sur sa position. « Le fait d'avoir signé un cessez-le-feu avec l’Arménie ne signifie pas pour l'Azerbaidjan qu'il renonce à restaurer sa souveraineté sur le Haut-Karabagh », a ainsi déclaré un responsable azerbaidjanais, qui a aussi prévenu que l'armée se tenait prête à intervenir en cas d'attaque. De son côté, loin d'écarter la possibilité d'une République du Haut-Karabakh indépendante, l’Arménie a rappelé qu'elle défendrait toujours les ressortissants arméniens, où qu'ils se trouvent.
… aux conséquences imprévisibles
Pour certains observateurs, Moscou et Ankara seraient à la manœuvre derrière cet affrontement entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les relations entre la Russie et la Turquie sont en effet au plus bas, depuis que l’armée turque a abattu en novembre un bombardier russe en mission en Syrie. Ce conflit entre l’Arménie, allié de la Russie, et l’Azerbaidjan soutenu par la Turquie, est l’occasion pour ces deux puissances régionales de faire étalage de leurs forces.
Alors que la communauté internationale appelle les deux parties concernées à faire preuve de retenue et à respecter le cessez-le-feu signé, la Turquie, de son côté, semble vouloir favoriser un embrasement de la région en affirmant soutenir l’Azerbaïdjan « jusqu’au bout ». Rappelons qu’en 1994, la Turquie avait unilatéralement décidé de fermer sa frontière avec l’Arménie, pour soutenir l'Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabagh, conflit auquel la Russie qui possède des bases miltaires en Arménie et dans le Haut-Karabagh ne peut pas être étranger.
D’après les analystes, une seule petite escarmouche suffirait à provoquer une escalade militaire dans le Haut-Karabagh, avec l’implication de plusieurs parties, ce qui ferait de la région une véritable poudrière, menaçant non seulement le sud du Caucase mais aussi l’Europe toute entière.