(VOVworld)- La crise politique en Syrie connait actuellement des évolutions imprévisibles. À partir du 1er Septembre 2012, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi remplacera l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan au poste d’émissaire commun de l’ONU et de la Ligue Arabe chargé du dossier syrien. Il a promis de placer au dessus de tout, les intérêts du peuple syrien et de faire tout son possible pour aider les syriens. De son côté, l’Iran a aussi annoncé qu’il présenterait au sommet du mouvement des non-alignés qui se tiendra fin août à Téhéran, une proposition afin de mettre un terme au conflit syrien. Mais les évolutions sur place n’ouvrent aucun espoir.
Le 27 août, les rebelles ont abattu un hélicoptère de l’armée syrienne lors des affrontements à Jobar en banlieue de Damas. Selon les activistes de l’opposition, des tirs d’artillerie et des frappes aériennes par hélicoptère contre les secteurs banlieusards se sont multipliés ces derniers temps. Lundi, ces frappes ont fait au moins 60 morts.
L’opinion interroge: pourquoi cette crise dure-t-elle si longtemps? Plus de 17 mois se sont écoulés et aucune issue ni aucun espoir n’est né. Le plan à 6 points proposé par l’émissaire commun de l’ONU et de la Ligue Arabe Kofi Annan n’a aucune chance de réussite. L’ancien secrétaire général de l’ONU a nourri une grande ambition alors que tant la communauté internationale que le régime syrien n’acceptaient aucune négociation pour résoudre la crise. Le président syrien Bachar al Assad a maintes fois rejeté catégoriquement l’idée de quitter le pouvoir alors que les forces rebelles voulaient sa démission immédiate avant même le début des négociations. Le soutien vigoureux des occidentaux et des pays du conseil de coopération du Golfe à l’armée syrienne libre contribue à rendre cette crise encore plus compliquée.
Lundi, le président français François Hollande a déclaré que Paris reconnaîtrait le gouvernement provisoire de la nouvelle Syrie dès qu’il serait créé. Il a demandé par la même occasion à l’opposition de constituer le plus tôt possible ce gouvernement. Le patron de l’Elysée a aussi confirmé que la France travaillait avec tous les partenaires sur les possibilités d’établir des zones tampons en Syrie, à l’initiative de la Turquie. Ces zones tampons seraient des zones de sécurité ou des zones de libération afin d’empêcher les frappes aériennes du régime syrien. L’opinion publique qualifie cette initiative turque d’ambitieuse car l’établissement d’une zone d’interdiction aérienne signifie le début d’une intervention profonde des occidentaux et un scénario de l’après-Syrie a été élaboré, semblable à celui de la Libye. Jusqu’à présent, avec le soutien des occidentaux, une bonne quarantaine de responsables syriens dont le Premier Ministre ont déserté le régime du président Bachar al Assad.
L’opinion s’inquiète: le départ de Bachar al Assad garantit-il que la démocratie remplacera la dictature en Syrie et quelles seront ses influences sur la scène politique régionale? Il est difficile de trouver une réponse pertinente en observant les évolutions en cours en Egypte ou en Libye, deux pays qui ont appliqué le modèle créé par les occidentaux lors du printemps arabe.
Par ailleurs, il faut reconnaître une réalité, c’est qu’avec le soutien des occidentaux, l’opposition a obtenu une certaine position en Syrie. Elle a récemment déclaré contrôler 60% de la ville d’Alep, proche de la frontière turque. Cela montre clairement que l’opposition contrôle une partie du territoire syrien. Malgré les bombardements, le régime de Damas n’a obtenu aucun changement décisif. Le soutien vigoureux de l’extérieur a rendu et rend encore aujourd’hui le conflit plus atroce. On s’inquiète que dans l’impasse, le régime de Bachar al Assad ne prenne des mesures puissantes. Il n’exclut pas que Damas utilise des armes chimiques en cas d’échec. Selon les statistiques, la Syrie détient 1.000 tonnes d’armes chimiques, y compris du gaz sarin et du gaz moutarde, dissimulés dans 50 bourgs et villages. Si cela se produisait, ce serait une véritable catastrophe pour l’humanité toute entière. Le président américain Barack Obama a établi une ligne rouge en avertissant que la Syrie subirait de lourdes conséquences si elle déplacait ou utilisait des armes chimiques. Personne ne peut prévoir actuellement les conséquences de ces armes chimiques. Mais une chose est sûre: à la fin du conflit, les pertes humaines seront extrêmement importantes./.