(VOVWORLD) - Le président Emmanuel Macron s’est rendu en visite en Allemagne du 26 au 28 mai. Bien que M.Macron ait l’habitude de se rendre en Allemagne pour coordonner les politiques européenne et étrangère, il s’agit de la première visite d’État avec tous les honneurs cérémoniaux depuis celle de Jacques Chirac en 2000. Ce déplacement vise à renforcer le rôle de locomotive du couple franco-allemand en Europe, surtout dans un contexte où le continent est confronté à des défis sans précédent, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Défendre la démocratie européenne
Les présidents français Emmanuel Macron (gauche) et allemand Frank-Walter Steinmeier, lors une conférence de presse, le 26 mai à Berlin. Photo: Markus Schreiber/AP |
La première étape pour le président français a été la «Fête de la démocratie» dans le quartier gouvernemental, qui célébrait dimanche le 75e anniversaire de la Constitution allemande d’après-guerre. Emmanuel Macron, seul chef d’État étranger invité, et le président Frank-Walter Steinmeier y ont dialogué avec des jeunes. Ensuite, ils ont eu un entretien, suivi d’une conférence de presse et d’un dîner d’État au Château de Bellevue, résidence du président allemand. Les deux dirigeants se sont rendus ce lundi 27 mai à Dresde avant de se diriger vers Munich ce mardi 28 mai. En fin de visite, Emmanuel Macron a rencontré mardi après-midi le chancelier allemand Olaf Scholz à la périphérie de Berlin. Toujours ce mardi, le président français a co-présidé avec Olaf Scholz un Conseil des ministres franco-allemand.
La visite d’Emmanuel Macron en Allemagne intervient à un moment particulièrement crucial pour l’Europe, alors que dans un peu plus d'une semaine (du 6 au 9 juin), quelque 400 millions d'électeurs des 27 pays membres de l’Union européenne vont élire un nouveau Parlement pour cinq ans. Les élections s’annoncent imprévisibles et pourraient marquer un tournant pour l’Europe, notamment à un moment où les partis populistes et d’extrême droite progressent fortement dans de nombreux pays européens, dont la France et l’Allemagne.
Dans les derniers sondages consacrés aux élections européennes en France, le parti d’extrême droite «Rassemblement national», conduit par Jordan Bardella, a confirmé sa première place dans les intentions de vote, devançant nettement le camp d’Emmanuel Macron, représenté par Valérie Hayer. Même situation en Allemagne, où le parti d’extrême droite AFD (Alternative pour l’Allemagne) est en tête des intentions de vote dans les sondages pour les élections européennes de juin, face à la coalition des trois partis au pouvoir du chancelier Olaf Scholz (Parti social-démocrate (SPD), Parti vert et Parti libéral-démocrate (FDP)).
Le président Emmanuel Macron. Photo: Markus Schreiber/AP |
Conscient de la grande menace que représentent les partis populistes et d’extrême droite, le président Emmanuel Macron a averti que l’Europe est confrontée à des défis vitaux et qu’une victoire de ces partis lors des prochaines élections européennes pourrait engendrer un déclin de l’Europe. Le chef de l’État français a appelé à se ressaisir et à agir de concert avec le couple franco-allemand pour relever ces défis.
«Le couple franco-allemand est une entité à part entière. Il n’est ni vieux ni jeune, mais vivant, exigeant, et ambitieux pour nos deux pays, pour notre Europe, car je crois que cette relation concerne quelque chose de plus grand qu’elle-même, quelque chose d'universel».
Partageant cet avis, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a souligné que la situation politique de l'UE avant les élections législatives de cette année est radicalement différente des élections précédentes en raison de nombreuses fluctuations. Par conséquent, il est essentiel de construire une coalition pour défendre la démocratie en Europe, a-t-il martelé.
"C’est une année cruciale pour la démocratie européenne. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers et que nous devons protéger ce qui est important. Les Français et les Allemands comprennent parfaitement que la liberté, la paix et la démocratie ne tombent pas du ciel mais doivent être conquises, négociées, protégées et consolidées", a déclaré le président allemand.
L’Europe face aux défis extérieurs
Outre le renforcement de la solidarité et la défense de la démocratie face aux défis intérieurs, Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier ont également discuté de nombreux défis extérieurs pour l’UE, notamment l’instabilité géopolitique dans le monde, les fluctuations de la scène politique américaine ainsi que la compétitivité stratégique à long terme du modèle économique européen. Malgré certaines différences dans l’évaluation et l’approche de certains sujets majeurs, notamment en matière de politique étrangère et de sécurité, la France et l’Allemagne ont bien géré ces divergences tout en renforçant les dialogues pour construire une voie commune, a souligné le chef de l’État allemand. Selon lui, il s’agit de la plus grande garantie pour l’Europe contre les incertitudes à venir, y compris le risque de fluctuations dans les relations d’alliance entre l’UE et les États-Unis après l’élection présidentielle américaine de fin d’année, a-t-il ajouté.
“Les dernières évolutions à Gaza, suivis des prochaines élections aux États-Unis... Nous ne savons pas ce qui se passera cette année, mais je crois fermement que si l’Allemagne et la France sont unies, et si nos deux pays ont confiance et le désir de travailler ensemble, nous surmonterons ces difficultés ainsi que la période complexe que traverse l’Europe aujourd’hui”, a-t-il dit.
Lors de la rencontre entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre allemand Olaf Scholz, ainsi que lors de la réunion du Conseil ministériel franco-allemand, les deux parties ont exploré des moyens de relever les défis liés à la concurrence économique des États-Unis et de la Chine. Ils ont également cherché à trouver une voie commune sur certaines questions majeures telles que l’énergie nucléaire en Europe, la stratégie budgétaire de l’UE et la promotion des accords de libre-échange du bloc.