(VOVworld) - Plus de deux semaines après le putsch raté de mi-juillet, Ankara consacre tous ses efforts à la stabilisation du pays. Resté en poste grâce au soutien populaire, le président Recep Tayyip Erdogan s'est appuyé directement sur lui pour procéder à un profond remaniement de l’armée et renforcer son pouvoir.
La Turquie a vécu, dans la nuit du vendredi 15 juillet au samedi 16 juillet, des violences inédites depuis plusieurs décennies. A Istanbul, des ponts qui enjambent le Bosphore ont été partiellement fermés, tandis que dans la capitale, on entendait des coups de feu, et des hélicoptères et avions militaires survolaient à basse altitude. Les militaires ont fait un coup d’Etat, mais leur initiative a été rapidement arrêtée par les forces loyalistes. Ce putsch avorté a fait 300 morts et 2000 blessés, et a aussi coûté près de 100 milliards de dollars à l’économie turque.
Un remaniement d’ampleur de l’armée
Le président turc Recep Tayyip Erdogan. Photo: AFP/VNA
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Cinq jours après cette nuit sanglante, le président Recep Tayyip Erdogan a instauré l’état d’urgence pour trois mois, tout en promettant de garantir la démocratie, les droits fondamentaux et la liberté de ses concitoyens. Un profond remaniement de l’armée a également été entrepris, avec l’arrestation de plus de 7500 personnes, dont 103 généraux et 2800 officiers pour leur complicité dans la tentative de coup d’Etat. De même, 2800 juges ont été arrêtés et 8000 policiers limogés.
Ce « grand ménage » préoccupe les pays occidentaux qui avaient soutenu le président turc au moment du putsch ; les Etats-Unis et l’Union européenne ont condamné dans des termes très forts la riposte au coup d’Etat. Ces critiques ont été réfutées par Recep Tayyip Erdogan expliquant que ce « remaniement » est nécessaire pour instaurer la paix en Turquie. Pour rassurer le peuple, le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a affirmé à la télévision que le couvre-feu ne serait pas décrété dans le pays et que les mesures prises par le gouvernement ne portaient pas atteinte à la liberté de la population ni à celle du commerce.
Après le coup d’Etat
On ignore toujours qui est derrière le putsch. Le président a accusé le prédicateur Fethullah Gülen, un ancien de ses proches devenu sa bête noire, d’en avoir été l’instigateur. Depuis son exil aux Etats-Unis, ce dernier a formellement démenti toute implication, rétorquant même que Recep Tayyip Erdogan est le commanditaire du coup d’Etat, dans le but de renforcer son pouvoir.
Les conséquences de cet évènement sont tangibles, et certains observateurs prédisent une nouvelle période d’instabilité en Turquie à cause des purges menées par le gouvernement. Ce « nettoyage » et l’éventuelle réintroduction de la peine de mort risquent aussi de faire suspendre les négociations sur l'adhésion du pays à l'Union européenne. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déjà été très clair sur ce point.
Mais le coup d’Etat va avoir des répercussions internes, surtout, avec une société turque plus divisée. Le gouvernement turc a, de ce fait, été invité à préserver l'unité et la réconciliation nationales.