(VOVworld)- Ce dimanche, Hassan Rohani est officiellement devenu le nouveau président iranien. Il a d’abord prêté serment devant le parlement, puis a soumis la composition de son gouvernement dont plusieurs postes clés ont été confiés aux technocrates expérimentés et aux réformateurs. La nouvelle équipe devrait aider le 7ème président de la République islamique à réaliser ses promesses électorales portant sur l’arrêt de l’isolement politique et économique de son pays. Cependant, il ne sera pas facile pour le nouveau président et son équipe de redorer l’image de l’Iran.
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Deux jours seulement après son investiture, le président nouvellement élu Hassan Rohani a soumis au parlement sa proposition de gouvernement composé de techocrates ayant déjà servi pour la plupart dans les gouvernements des anciens présidents Hachémi Rafsandjani (1989-1997) et Mohammad Khatami (1997-2005). Parmi les hommes forts de ce nouveau gouvernement figure l'ex-ambassadeur d'Iran à l'ONU Mohammad Javad Zarif qui devient chef de la diplomatie. Personnalité modérée, il avait joué, dans le passé, un rôle actif dans les négociations sur l’énergie nucléaire avec l’Occident. Autre figure du régime, Bijan Zanganeh, qui reprend son ancien poste de ministre du pétrole qu'il a occupé pendant 8 ans sous la présidence de M. Khatami. Il avait su faire sa place au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole OPEP en tissant de bonnes relations avec les partenaires de l’Iran.
Toutefois, la tâche qui attend le nouveau gouvernement: redresser une économie iranienne étranglée par des sanctions occidentales et repositionner le pays sur la scène internationale, est un chemin semé d’embûches. En effet, pour la première fois depuis les années 80, l’Iran connait, depuis 2 années consécutives, une croissance négative. Le taux de chômage s’est envolé à 13% tandis que l’inflation est de 40%, ce qui est le plus haut niveau de la région voire du monde. L’ancien ministre iranien de l’Agriculture, Issa Kalantari n’a pas exagéré en disant que le président Hassan Rohani héritait d’un pays vide.
Les défis se multiplient pour Hassan Rahani, qui devra faire avec les nouvelles sanctions adoptées par la Chambre américaine des représentants en raison de la poursuite du programme nucléaire iranien. Ces sanctions qui, si elles étaient confirmée par le Sénat en septembre, concerneraient tous les clients des secteurs pétrolier, automobile, minier et industriel iraniens et achèveraient de détruire l'économie du pays. Elles prévoient donc de réduire les exportations pétrolières iraniennes d’un million de barils par jour. Un message clair que Washington veut envoyer à Téhéran!
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Par conséquent, le nouveau président va devoir être créatif s’il veut redémarrer les négociations sur le dossier nucléaire iranien avec le groupe P5+1 (Etats Unis, Royaume-Uni, Chine, Russie et Allemagne). A ce propos, dans son discours d’investiture, M. Rohani a promis plus de "transparence" et d'oeuvrer dans le cadre d’une "entente constructive" mais a exclu une suspension unilatérale de l'enrichissement en uranium. Or, toutes décisions en matière nucléaire et dans les négociations avec l'Occident devront, recueillir l'assentiment du Guide suprême iranien Ali Khamenei, réputé pour être un farouche opposant de l’Occident. Le vrai numéro un du pays a déclaré que Téhéran n’abandonnerait jamais son programme d’enrichissement d’uranium. Par ailleurs, le chef de l’Agence iranienne de l’énergie atomique Fereydoun Abbasi-Davani a affirmé que la production de combustibles nucléaires aurait lieu comme prévu.
Jamais un dirigeant iranien en temps de paix n'a eu à affronter une telle somme de défis, tant internes qu'internationaux. Réussira-t-il à surmonter les crises et à redorer le blason d’un des pays les plus constestés? Affaire à suivre!