Le Pacte migratoire de l’ONU remis en question
Hông Vân -  
(VOVWORLD) - A moins de trois semaines de son adoption formelle prévue au Maroc, le
Pacte global pour les migrations de l’ONU est rejeté par plusieurs pays.
L’Australie vient ainsi de rejoindre la liste des pays ayant opposé
leur véto à cet accord pourtant non contraignant. La Suisse, elle, a
annoncé un report de sa décision, un mois après avoir décidé d’approuver
le Pacte en question. C’est donc un coup dur porté aux efforts de
sortie de crise…
Photo d'illustration
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Le Pacte, qui en principe devrait être approuvé formellement lors de la conférence internationale de Marrakech, les 10 et 11 décembre, vise à définir 23 critères harmonisés pour une migration ordonnée. Globalement, l’idée est de renforcer l’aide apportée sur le terrain, de lutter contre la traite humaine, de sécuriser les frontières et de veiller au respect des droits de l’homme.
Pourquoi?
Presque tous les pays ont soutenu le Pacte lors de son approbation par l’Assemblée générale de l’ONU en juillet dernier. Mais très vite, ce consensus s’est brisé face à l’opposition de très nombreux pays qui le jugent incompatible avec une gestion indépendante de l’immigration clandestine.
Les États-Unis ont été les premiers à faire savoir qu’ils ne ratifieraient pas le Pacte. L’Australie, dernier pays en date à refuser de le signer, estime que ce document n’est pas dans son intérêt national. Selon le Premier ministre Scott Morrison, tel qu’il est rédigé, faute de faire avec suffisamment de clarté la différence entre immigration clandestine et immigration légale, ce texte pourrait encourager la première.
Même son de cloche en Europe de l’Est. La Pologne a déjà dit non au Pacte onusien, qui selon elle, est en contradiction avec ses priorités que sont la sécurité des citoyens polonais et le maintien du contrôle des flux migratoires.
Quant à la Hongrie et la République tchèque, elles sont toutes deux hostiles à cet accord qui est «contraire au bon sens et à la nécessité de restaurer des règles de sécurité en Europe».
Quels impacts?
Ouvrir la porte aux migrants pourrait affecter les intérêts économiques et sécuritaires des pays qui le font, arguent les pays conservateurs dont la moitié sont européens. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a vivement critiqué cette attitude et a mis en garde: l’Europe pourrait, selon lui, perdre de son influence si elle agit dans ce sens. La chancelière allemande Angela Merkel a emboîté le pas et pris la défense du Pacte, qui d’après elle, est dans l’intérêt élémentaire de l’Allemagne et ne remettra pas en cause la souveraineté des États dans ce domaine. «Chacun a le droit de faire ses propres lois» malgré le futur pacte, a assuré Mme. Merkel, appelant à ne pas croire «ceux qui répandent la haine».
Beaucoup de dirigeants du monde soutiennent encore ce pacte parce qu’il préconise de renforcer la coopération internationale. Il permet de mettre en place un mécanisme de gestion en commun plus stable et plus responsable. Si le monde se divise sur ce sujet, la gestion de l’immigration légale risque d’en pâtir. 250 millions de personnes sont actuellement sur les routes, soit 3% de la population mondiale. Et le phénomène va durer pendant des siècles, ont prévenu les Nations Unies. Toute la question reste de savoir si ce Pacte ne risque pas démultiplier le phénomène qu’il prétend planifier.
Hông Vân