(VOVworld)- 3 jours après le premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, Mohamed Morsi, le premier président civil démocratiquement élu d'Egypte, a été renversé ce mercredi par l’armée. Ce coup d’Etat militaire, inoppiné du fait de son déroulement éclair, risque de pousser l’Egypte dans une nouvelle phase d’instabilité.
Photo : AP
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Alors que les analystes politiques en étaient encore à échafauder divers scénarios possibles, ils ont littéralement été pris de court, ce mercredi, par le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée et ministre de la Défense, qui a brutalement annoncé que la Constitution était caduque et que le président de la cour suprême constitutionnelle, Adly Mansour, assurait la présidence par intérim. Ce dernier devait d’ailleurs prêter serment aujourd’hui. Le général al-Sissi a sinon appelé à la tenue d’élections présidentielles et législatives anticipées, à la création d’une commission chargée de réviser la Constitution et à la mise en place d’un comité de réconciliation nationale. Il a enfin précisé que l’Egypte allait dans un premier temps être dirigée par un gouvernement d'experts.
Exit, donc, le président Mohamed Morsi, qui quitte le pouvoir par la petite porte et qui fait désormais figure de proscrit dans son propre pays. Mais l’armée ne s’en est pas tenue à son seul cas puisque des mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de 300 membres des Frères Musulmans, l’organisation panislamiste dont était issu le président nouvellement déchu, qui a par ailleurs vu la diffusion de ses émissions télévisées suspendue. A noter, enfin que, selon les médias locaux, Mohamed Morsi aurait été conduit sous bonne garde au siège des services de renseignement de l’armée.
Mais revenons sur les jours qui ont précédé ce coup d’Etat. Le lundi 1er juillet, forte de la mobilisation massive de l’opposition, l’armée égyptienne avait lancé un ultimatum à Mohamed Morsi, en lui donnant 48 heures pour «satisfaire aux demandes du peuple». Celui-ci avait aussitôt rejeté cet ultimatum, au risque, désormais confirmé, de provoquer un coup de force.
Ce coup d’Etat de mercredi n’aura en tout cas pas suffi à apaiser les esprits. Les frères Musulmans sont bien évidemment montés au créneau en parlant, à propos de cette destitution de Mohamed Morsi, d’une trahison de la révolution et des milliers d’Egyptiens qui avaient choisi de placer leur confiance dans la démocratie. A Alexandrie, des heurts ont éclaté entre partisans et opposants au président déchu. C’est donc dans un climat particulièrement tendu qu’ont lieu les tractations pour la formation d’un nouveau gouvernement.
Ces dernières évolutions sur l’échiquier égyptien inquiètent l’Occident. Catherine Ashton, la haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Sécurité, a appelé les Egyptiens à revenir au processus démocratique en organisant des élections présidentielles et législatives démocratiques et équitables. Pour sa part, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a pressé les différentes parties de faire preuve de retenue et d’éviter tout recours à la violence. Même s’il a protesté contre l’intervention de l’armée, il s’est néanmoins refusé à parler de «coup d’Etat». Quant au président américain Barack Obama, il a appelé l’armée égyptienne à remettre le pouvoir à un gouvernement civil, le plus tôt possible. A noter que Washington, qui a ordonné l’évacuation du personnel de l’ambassade des Etats-Unis au Caire, envisage de suspendre provisoirement ses aides à l’Egypte.
Les réactions ont été très différentes dans les pays du Golfe, qui se sont félicités de ce renversement par l’armée du président islamiste. Le roi Abdallah d’Arabie Saoudite a d’ailleurs adressé ses félicitations au président par intérim Adli Mansour. Quant aux Emirats Arabes Unis, ils ont salué les forces armées égyptiennes et les changements survenus dans le pays.
Il est certain que la situation en Egypte évoluera dans les jours qui viennent. Plus de 80 millions d’Egyptiens, qui doivent déjà faire face à une stagnation économique, se retrouvent désormais plongés dans l’instabilité. Et c’est sans doute, cette instabilité, la seule chose sur laquelle ils puissent vraiment compter en ce moment, aussi paradoxal cela soit-il./.