Les Etats-Unis cherchent une position stratégique dans le continent noir

(VOVworld)-La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a débuté mardi une seconde tournée en Afrique. Ce périple se déroule après que l’administration de Barack Obama ait publié, en juin dernier, la nouvelle stratégie américaine pour le Sud Sahara. Il concrétise donc l’engagement des États-Unis qui consiste à faire de l’Afrique la priorité de leur politique extérieure.





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La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton (photo : Paul J. Richards/AFP)


Hillary Clinton est arrivée mardi à Dakar, la capitale du Sénégal, entamant ainsi son périple de 11 jours dans six pays africains. Ce voyage traduit le pragmatisme et la sagesse de la diplomatie américaine. Il a lieu aussitôt après la publication par le président américain de la nouvelle stratégie pour l’Afrique, basée sur quatre piliers : la consolidation de la démocratie ; l’impulsion de la croissance économique, commerciale et les investissements ; la promotion de la paix et de la sécurité et enfin, l’encouragement du développement. Et de nouveau, les États-Unis s’engagent à poursuivre l’influence puissante du président Barack Obama dans le continent noir.

Au Sénégal donc, la Secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton a prononcé un discours à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avant de rencontrer le président Macky Sall ce mercredi pour lui affirmer l’engagement des Etats-Unis à considérer le Sénégal comme leur partenaire le plus fiable parmi ceux de la communauté francophone en Afrique. Lors de son escale prévu ce vendredi au Soudan du Sud, la secrétaire d’Etat américaine s’entretiendra avec le président Salva Kiir, il sera question de réaffirmer le soutien américain pour la plus jeune nation du continent africain et d’essayer d’accélérer le processus de négociations avec le pays, afin de parvenir aux accords sur la sécurité, du pétrole et des droits du citoyen entre les deux pays. Avant de rentrer aux Etats-Unis, Hillary Clinton fera escale vendredi 10 août en Ouganda où elle s’entretiendra avec le président ougandais Yoweri Museveni pour discuter d’une épidémie de fièvre hémorragique due au virus Ebola qui a tué jusqu’à présent 14 personnes. Au Kenya, la cheffe de la diplomatie américaine  s’entretiendra avec de hauts dirigeants du pays, pour souligner le soutien américain à l’achèvement du processus de transfert du pouvoir politique en Somalie, prévu le 20 août. Après une escale au Malawi, Hillary Clinton et les entrepreneurs américains débarqueront en Afrique du Sud où ils participeront au Dialogue stratégique Etats Unis - Afrique du Sud ayant pour thème le renforcement des relations de partenariat bilatérales.




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Hillary Clinton et le président sénégalais Macky Sall (photo : AFP)


Bien qu’il soit centré sur la démocratie, la croissance économique, la paix et la sécurité régionale, de l’avis d’observateurs, ce voyage de Hillary Clinton dissimule plusieurs choses. D’abord, sur le plan géographique lié à la politique, l’Afrique qui s’étend sur plus de 30 million de km2 occupe un cinquième de la superficie mondiale. Le continent noir est réputé pour ses ressources naturelles, notamment des métaux rares et le pétrole. Ces dernières années, grâce aux gisements pétroliers nouvellement découverts dans le golfe de Guinée, l’Afrique joue un rôle important sur la carte de distribution de cette ressource énergétique dans le monde. De plus, le continent noir dispose de grandes superficies de terre agricole très fertile et de grandes forêts, ce qui lui permet de fournir au marché mondial des produits agricoles et sylvicoles de qualité. Il n’est donc pas surprenant si l’Afrique était un monde empli de rêves pour les anciennes puissances coloniales durant le passé, comme pour les stratèges d’aujourd’hui. Le voyage de Hillary Clinton affirme donc les calculs de la Maison Blanche. Il se déroule dans un contexte où la Chine a organisé la 5ème conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique le 20 juillet dernier à Pékin. Lors de cette conférence, la Chine a atteint ses objectifs fixés : approfondir le nouveau partenariat stratégique, consolider la solidarité entre les pays en voie de développement. De son côté, Washington a l’ambition d’avoir de l’emprise sur le continent noir, une emprise qui doit passer devant la Chine.

Mais en réalité, pendant que l’ancien gouvernement de George Bush concentrait ses efforts dans la lutte anti-terroriste et s’enlisait en Irak et en Afghanistan, en négligeant les intérêts américains sur le continent noir, Pékin a pu trouver sa place en Afrique. La Chine est actuellement le premier investisseur étranger dans de nombreux pays africains. Les échanges commerciaux Chine-Afrique ont fortement augmenté ces dernières années. Pour pouvoir répondre à ses besoins en énergie, en matériaux et en main d’oeuvre, la Chine n’a pas hésité d’investir en Afrique. Les Chinois ont fait construire des usines, des routes, des barrages et autres infrastructures, tout en exploitant des gisements dans le continent noir. La Chine accorde par ailleurs à l’Afrique plusieurs privilèges : ouvrir son marché pour les produits africains, porter à 440, contre 190 auparavant, le nombre de marchandises exemptées de taxes en faveur de 28 pays africains sous-développés et supprimer 150 dettes en faveur de 32 pays africains. Lors de la 5ème conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique donc, Pékin s’est engagé à verser 20 milliards de dollars de crédit à l’Afrique et cette somme sera décaissée d’ici 3 ans.

Tout cela a obligé le gouvernement de Barack Obama à ne plus tarder dans cette course avec la Chine. Le Département de l’énergie s’est engagé qu’en 2020, les Etats-Unis importeront d’Afrique 770 millions de barils de pétrole par an. Le renseignement américain a estimé qu’en 2015, le volume de pétrole importé d’Afrique représenterait un quart des importations pétrolières américaines, contre plus d’un septième à l’heure actuelle.

L’opinion publique estime que le présent voyage de la Secrétaire d’Etat américaine doit permettre de renforcer l’influence des Etats-Unis sur ses alliés dans le continent noir, en renforçant leurs relations, afin d’établir une nouvelle alliance pour l’exploitation des ressources naturelles en Afrique.

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