(VOVWORLD) - Afin de réduire des effets croissants de la crise énergétique causée par le conflit russo-ukrainien, les différents pays européens dégainent une série de mesures d’urgence dont des parquets de sauvetage sans précédent dans le secteur de l’énergie. Cependant, il faut du temps pour qu’on puisse justifier l’efficacité de ces mesures.
Dans une station d'essence à Paris, en France. Photo: AFP/TTXVN |
Selon les rapports de nombreux États membres de l’Union européenne (UE), les prix de l’énergie et des carburants sont désormais plusieurs fois plus élevés qu’à la même période de 2021 et devraient continuer à établir de nouveaux records.
En Allemagne, la plus grande économie de l’Union européenne et le premier consommateur d’énergie du continent, le prix du contrat d’électricité pour 2023 a atteint un niveau record de 1.050 euros le MWh à la fin du mois d’août, soit 14 fois plus élevé qu’à la même période de l’an dernier. Dans un rapport publié la semaine dernière, l’Office allemand de la statistique (Destatis) a affirmé que le pays se débrouillait pour éviter une aggravation de la crise énergétique après la coupure presque totale de l’approvisionnement en gaz naturel russe.
Au Royaume-Uni, l'ancien état membre de l’UE, la facture d’électricité annuelle moyenne des ménages en 2022 a augmenté de 54%, pour atteindre près de 2.000 livres sterling.
Des mesures de soutien…
Pour éviter une éventuelle pénurie de gaz cet hiver, les pays européens ont multiplié des mesures d’urgence inédites. Le gouvernement allemand a débloqué, le 4 septembre, 65 milliards d’euros pour protéger les consommateurs et les entreprises des hausses des prix de l’énergie. Les mesures prévues comprennent l’imposition d’un plafond sur les prix de l’électricité, la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée sur le gaz naturel et le report d’un an de l’augmentation du prix du carbone. Autres aides à venir, une prime de 300 euros à destination des retraités et une autre de 200 euros pour les étudiants. Jusqu’à présent, Berlin a dépensé 95 milliards d’euros en subventions depuis le début du conflit russo-ukrainien.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre un programme de soutien financier estimé à 170 milliards de dollars pour soutenir les coûts énergétiques des ménages et des entreprises au cours des deux prochaines années.
D’après certains rapports, à ce jour, les cinq plus grandes économies de l’UE ont annoncé des programmes de soutien aux coûts énergétiques pour les ménages et les entreprises d’une valeur totale d’environ 201 milliards de dollars. Jusqu’à présent, l’Union européenne et le Royaume-Uni avaient déjà engagé plus de 500 milliards d’euros pour protéger les ménages et les entreprises des prix de l’énergie exorbitants.
En plus des soutiens financiers, les pays européens mettent également en œuvre de nombreuses mesures d’économie d’énergie et continuent de reconstituer leurs stocks de gaz pour l’hiver. Ils envisagent aussi de renforcer le partage du gaz entre les états membres et de plafonner le prix du gaz.
Le gazoduc du projet Nord Stream 2 à Lubmin, en Allemagne. Photo : AFP/TTXVN |
Des perspectives et défis…
Selon de nombreuses institutions financières régionales, la mise en œuvre des programmes de soutien énergétique en Europe est nécessaire, notamment dans le contexte où la flambée des prix des énergies a dépassé la capacité de paiement de nombreux ménages et entreprises. La mise en place de paquets de soutien permettra également de maîtriser l’inflation, tout en maintenant le soutien du public aux plans d’aide financière à l’Ukraine des gouvernements européens.
Cependant, de nombreux économistes européens ont recommandé d’évaluer soigneusement les impacts de la mise en œuvre de paquets de soutien aux coûts énergétiques. En effet, bien que l’ampleur de ces parquets ne soit pas aussi importante que des programmes de réponse à la pandémie de Covid-19, ils sont tout de même susceptibles d’augmenter les dettes publiques et de réduire les sources d’investissements pour le développement.
Les économistes de la banque d’investissement UBS estiment qu’en Allemagne, la valeur totale des paquets de soutien énergétique représente environ 2,7% de la croissance économique annuelle. Le coût de mesures similaires représente 2,4% du PIB en Italie et 1,25% du PIB en Espagne. Plus inquiétant encore, le soutien des coûts énergétiques pourrait faire augmenter la consommation d’énergie, aggravant ainsi la crise énergétique.
Dans un article publié le 6 septembre, l’institut de recherche Bruegel, basé à Bruxelles, en Belgique, a déclaré que si le prix de gros de l’énergie au cours des six premiers mois de l’année était 10 fois plus élevés que la moyenne de l’UE, la consommation d’énergie des ménages n’a diminué que de 7%.
Face à cette situation, l’Europe doit se montrer plus réaliste quant aux causes de la crise pour proposer des mesures plus appropriées. Par ailleurs, l’Europe, la communauté internationale et les parties concernées devraient intensifier leurs efforts pour trouver des solutions visant à mettre fin rapidement au conflit russo-ukrainien, qui est la cause directe de la crise énergétique actuelle.