Manifestations en Turquie: sonnette d’alarme!

(VOVworld) - La Turquie, parfois considérée comme le modèle de régime politique musulman le plus réussi du monde, fait face ces derniers jours à des instabilités provoquées par des manifestations anti-gouvernementales ; plus de 10 jours que cela dure et le mouvement s’intensifie. Le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan aura beau faire des concessions, le pays connaît une crise profonde.


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 (Photos : AVI)


Mardi, après 6 heures de réunion de son cabinet, le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan a accepté de rencontrer les chefs des contestataires dans le but de mettre fin aux tensions qui provoquent l’instabilité sécuritaire en Turquie. En dépit des signes de réconciliation, il a déclaré ne plus tolérer aucune nouvelle manifestation illégale dans son pays. Selon lui, «la patience a ses limites». Mardi, la police utilisait des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants au centre d’Ankarra alors que des milliers d’autres se rassemblaient sur la place Taksim à Istanbul, exigeant la démission de Recep Tayyip Erdogan.

 

A l’origine ? Des actions menées par des activistes environnementaux devant l’intention du régime de détruire le parc Gezi à Istanbul pour construire un centre commercial. Alors que le régime a abusé de sa force pour disperser les manifestants, le conflit a pris de l’ampleur. Selon les estimations actuelles, 280 bureaux, magasins et des dizaines de voitures de la police dans 67 villes et bourgs en Turquie ont été vendalisés. Les dégâts s’élèvent à 40 millions de dollars. Au moins 3 personnes ont été tuées et plus de 5.000 autres blessées. De retour de sa tournée en Afrique, le Premier Ministre Erdogan a tenté de convaincre les habitants que les violences n’étaient pas l’expression de la démocratie. Son adjoint Bulent Arinc a pour sa part rassuré les manifestants, promettant que le gouvernement avait tiré des leçons de ce qui se passait et a appelé les citoyens à se montrer responsables pour mettre fin aux manisfestations ; manisfestations que l’on chiffre à 200 et sans aucun fléchissement apparent.

 

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Recep Tayyip Erdogan
(Photos : VTV)

 

Le peuple est déçu par le régime du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan. Certes, les évolutions économique, politique, ou qui concerne la position de la Turquie sur la scène régionale et internationale sont indéniables ; mais certaines dérives sur fond d’islamisation font peur ; restriction dans la vente de boissons alcoolisées, arrestation par le gouvernement de certains journalistes, écrivains ou artistes qui ont soutenu la population. Le peuple y voit des signes de conservatisme et de violation de la vie privée. Les partis d’opposition ont saisi cette occasion pour accuser le parti de la Justice et du Développement du Premier Ministre Erdogan d’intenter le modèle d’Etat musulman conservateur en remplacement de l’Etat laïc actuel. Tout comme en Egypte, ou en Tunisie, l’écart se creuse entre musulmans et laïcs, le pouvoir est accusé de ne pas honorer ses engagements sur la garantie des droits de l’homme et de la liberté en Turquie, pays pourtant cité comme un brillant exemple de la démocratie musulmane modérée. Regardons en arrière, les instabilités actuelles n’expriment pas une simple réaction des habitants devant un projet ou un loi controversée, elles témoignent de problèmes plus ancrés en profondeur.

 

Selon les analystes, il existe 3 scénarios possibles en Turquie. Primo: la démission du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan et l’organisation d’élections anticipées. Secundo: les manifestants seront réprimés par la police dans les prochains jours. Mais si le gouvernement fait preuve de retenue, en cessant les arrestations et les répressions en favorisant le dialogue, la vague de manifestations s’adoucira. Tertio: le conflit en Turquie suivra le modèle de la Syrie, s’il n’est pas immédiatement réglé. Au vu des évolutions en cours, l’opinion internationale estime que le régime d’Ankara doit prendre des mesures concordantes au souhait du peuple pour éviter un nouvel embrasement arabe.





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