Moyen-Orient : la tension de nouveau s’aggrave

(VOVworld) - 47 personnes dont le cheikh Nimr al-Nimr, un dignitaire chiite, ont été exécutées ce samedi par l’Arabie saoudite. L’Iran a condamné ces exécutions qui ont soulevé l’indignation de la communauté chiite au Moyen-Orient. On craint une nouvelle escalade de tensions dans cette région déjà très déstabilisée.

L’exécution de l’imam chiite Nimr al-Nimr, considéré comme une figure de la contestation saoudienne, a mis de l’huile sur le feu au Moyen-Orient, le berceau des conflits confessionnels. Les manifestations qui se multiplient depuis le 2 janvier  détériorent sérieusement les relations diplomatiques entre plusieurs pays.

Tension montée d’un cran

L’Arabie saoudite a annoncé dimanche la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran et donné 48 heures aux membres de la représentation diplomatique iranienne pour quitter le pays. Derrière les Saoudiens, les monarchies du Golfe ont affiché leur solidarité. Les Emirats arabes unis ont rappelé leur ambassadeur à Téhéran. Le Bahreïn voisin a rompu à son tour ses relations diplomatiques avec la République Islamique d’Iran. Le Soudan a également pris la même décision, et à Khartoum, les diplomates iraniens ont été priés de faire leurs valises.

Ces décisions interviennent suite à l’attaque menée contre l’ambassade saoudienne à Téhéran ce samedi. Des protestataires ont lancé des cocktails Molotov contre le bâtiment diplomatique et ont pu pénétrer à l’intérieur de l’enceinte avant d’en être évacués par la police.

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Photo: Tuoi tre

Dans la foulée, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a averti dimanche que « la main divine vengera les dirigeants saoudiens » pour la mort injuste du cheikh Nimr al-Nimr. De son côté, le corps des Gardiens de la révolution islamique a affirmé que la mort du dignitaire chiite pourrait renverser le royaume saoudien.

En Irak, des centaines de personnes ont manifesté dans la ville sainte chiite de Kerbala pour exprimer leur colère. Khalaf Abdelsamad, chef du bloc parlementaire du parti chiite Dawa a exigé que l’Arabie Saoudite ferme sa représentation à Bagdad et rappelle son ambassadeur.

Cette exécution a été qualifiée par les Européens et les Américains d’acte inhumain. Ils craignent que les tensions communautaires s’exacerbent à un moment où il est urgent de les apaiser. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a lui-aussi appelé à éviter la montée de tensions sectaires et religieuses.

Guerres par procuration

Le chef religieux Nimr al-Nimr était un homme influent et charismatique de la minorité chiite, mais aussi un critique virulent du régime saoudien sunnite. C’est lui qui, en 2011, avait mené le mouvement de contestation dans l’est de l’Arabie saoudite, dans la veine des Printemps arabes. C’est dans cette région que se concentre la minorité chiite qui se plaint d’être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite. Considéré comme « l’instigateur de l’insurrection », cet homme de 56 ans avait été arrêté en 2012. Sa condamnation à mort pour « terrorisme », « sédition », « désobéissance au souverain » et « port d’armes » avait été annoncée deux ans plus tard par Riyad.

Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran évoluent en dents de scie depuis la révolution islamique iranienne de 1979. Les deux pays sont le plus souvent en désaccord sur les crises dans la région et s’accusent mutuellement de chercher à élargir leur influence. Elles avaient rompu leurs relations de 1987 à 1991, après les sanglants affrontements entre pèlerins iraniens et forces saoudiennes lors du pèlerinage à La Mecque en 1987.

Pour les experts, la nouvelle crise entre Riyad et Téhéran risque d’alimenter les guerres par procuration que se livrent les deux puissances notamment en Syrie et au Yémen. En effet, Téhéran accorde son soutien au président Bachar al-Assad alors que Riyad soutient l’opposition syrienne. D’ailleurs, l’Arabie Saoudite critique l’Iran qui, selon elle, a aidé les rebelles houthies à renverser le gouvernement pro-saoudien au Yémen.

De l’avis des analystes, une confrontation directe aurait de terribles répercussions sur toute la région si l’Arabie Saoudite et l’Iran ne revenaient pas à la table de négociations.

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