Nagorny-Karabakh: pas de sortie de crise en vue…

(VOVWORLD) - La crise au Nagorny-Karabakh, une enclave azerbaïjanaise, qui fait l’objet depuis trois décennies, de disputes avec l’Arménie, empire. Les efforts visant à trouver une solution politique échouent, alors que presque tous les habitants de la région se sont enfuis vers l’Arménie.  
Nagorny-Karabakh: pas de sortie de crise en vue…    - ảnh 1Des soldats azerbaïdjanais patrouillent à un poste de contrôle à l'extérieur de Choucha, une ville du Nagorny-Karabakh. Photo: AFP/TTXVN

Situé en Transcaucasie, le Nagorny-Karabakh est depuis trois décennies le théâtre de tensions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. L’enclave relève de la souveraineté azerbaïdjanaise mais elle est peuplée majoritairement par des Arméniens, d’où des tensions récurrentes…

Une crise humanitaire qui se profile…

Il faut remonter au début des années 1990 et à la fin de l’URSS pour comprendre la genèse du conflit. L’Azerbaïdjan devient alors une République indépendante. Aussitôt, les séparatistes arméniens du Nagorny-Karabakh proclament l’indépendance, une indépendance qui ne sera jamais reconnue par aucun pays membre des Nations Unies, mais qui crée une situation conflictuelle qui atteint son paroxysme en 2020.   

Le 19 septembre 2023, après un blocus de plusieurs mois, l'Azerbaïdjan lance une opération militaire, rapidement victorieuse: les forces armées du Nagorny-Karabagh déposent les armes au bout de quelques heures, causant la fuite de plus de 100.000 personnes, soit 80 % de la population.  

Selon l’ONU, qui a dépêché des observateurs sur place, la ville de Stepanakert, capitale du Nagorny-Karabakh, n’a pas été gravement endommagée par les affrontements du 19 septembre. Elle est néanmoins devenue une ville fantôme, la quasi-totalité de la population ayant pris la fuite. Toute activité au Nagorny-Karabakh est pratiquement paralysée, a déclaré Marco Succi, responsable de la Croix-Rouge internationale (CICR).

«Depuis notre arrivée, la ville est complètement déserte. Les hôpitaux ne fonctionnent plus, le personnel administratif et médical a quitté les lieux, les organismes de gestion de l’eau également... C’est une situation presque surréaliste… », nous a-t-il confié.   

Ce brusque arrêt des activités économiques et sociales au Nagorny-Karabakh fait craindre une grave crise humanitaire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ores et déjà tiré la sonnette d’alarme, notamment vis-à-vis des quelques personnes restées sur place,  qui se retrouvent privées d’infrastructures médicales et qui ne sont pas sûres d’avoir accès à une eau réellement potable…      

Nagorny-Karabakh: pas de sortie de crise en vue…    - ảnh 2Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev. Photo: azernews.az

L’Arménie se retrouve elle aussi sur le grill. Elle doit, dans l’immédiat, faire face à un afflux record de réfugiés, car c’est bien évidemment en territoire arménien que les personnes fuyant le Nagorny-Karabakh souhaitent se rendre. 100.000 personnes à accueillir en quelques jours… Le fardeau est énorme pour l’Arménie, qui ne compte que 2,8 millions d’habitants… Aussi l’OMS appelle-t-elle la communauté internationale à aider l’Arménie, qui a besoin de 2.000 infirmières et 2.200 médecins supplémentaires pour soigner les réfugiés du Nagorny-Karabakh.

… pendant que les pourparlers piétinent

Sur le terrain diplomatique, la situation n’est pas vraiment plus reluisante… Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a annulé une rencontre prévue le 4 octobre à Grenade, en Espagne, en marge du sommet de la Communauté politique européenne, avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan.

Selon les observateurs, Bakou aurait annulé cette rencontre, faute d’avoir pu y imposer la présence de la Turquie, son grand allié.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a bien essayé de jouer les médiateurs en appelant le président azerbaïdjanais pour l’inciter à renouer le dialogue avec l’Arménie.   

L’Iran a également proposé un mécanisme de dialogue 3+3, comprenant trois pays transcaucasiens (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie) et trois pays voisins (Turquie, Iran et Russie).

Les experts estiment que cette solution iranienne pourrait garantir l’équilibre des intérêts entre les pays de la région, mais qu’elle ne prend pas en compte la nécessité d’inviter de grandes puissances telles que l’Union européenne ou les États-Unis à la table des négociations, nécessité d’autant plus pressante que la région transcaucasienne est le théâtre de luttes d’influence stratégique.

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