(VOVworld) – Un mois après la proposition européenne, Cuba a accepté, le 6 mars dernier, de démarrer les dialogues avec l’Union européenne, ouvrant ainsi de nouveau la voie à une normalisation de leurs relations, en froid depuis dix ans.
La Havane a accueilli favorablement la proposition de dialogue de la Haute Représentante de l'Union Européenne pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité, Catherine Ashton. L’ouverture des discussions en vue d'un Accord de coopération et de dialogue politique permettra de donner un nouvel élan aux échanges commerciaux et à l'investissement. Il s’agit du geste le plus marquant de l’UE à l’égard de Cuba depuis la levée de l’embargo il y a six ans.
Ouverture pour une normalisation des relations bilatérales
Pour Herman Portocarero, ambassadeur de l'Union Européenne à La Havane, le lancement des négociations avec Cuba est une décision importante de l’Union européenne. Selon lui, une compréhension mutuelle plus profonde profitera aux intérêts des deux parties. L’accent devra être mis sur une présence renforcée et active de l’Union dans le processus de changement économique à Cuba, a poursuivi le diplomate.
Ce n’est pas le premier signe de rapprochement avec l’Europe. Les relations s’étaient en fait améliorées en 2008 quand Cuba a décidé de libérer des opposants. A partir de cette date, l’Union européenne avait accordé à ce pays quelque 80 millions d’euros en aide pour le développement. En novembre 2012, elle a accepté de démarrer les négociations d’un accord bilatéral avec Cuba. En février dernier, les dirigeants européens ont déclaré qu’ils étaient prêts à élargir leur coopération avec La Havane.
Selon le professeur Joaquin Roy, directeur du centre européen de l’université de Miami, en dépit de la « Position commune de l’UE sur Cuba » adoptée en 1996, plusieurs pays européens avaient toujours maintenu leur cooopération avec la Havane. C’est-à-dire qu’il existait toujours des échanges commerciaux, des investissements et des aides de développement en faveur de Cuba. Cette situation a d’ailleurs été entérinée en 2008, lorsqu’une quinzaine de pays européens ont signé des accords bilatéraux avec la Havane.
L’intérêt économique – la dynamique de coopération
De l’avis des experts, ce sont les intérêts qui ont poussé l’Europe à revoir ses politiques à l’égard de Cuba, pays qui, du reste, se montre de plus en plus ouvert grâce à ses réformes socio-économiques. Cuba a participé en 2014, au salon international du Tourisme à Milan, en Italie. Il ne faut pas oublier que ce pays insulaire figure sur la liste des destinations les plus prisées des Européens.
La Havane s’apprête à ouvrir une zone de développement dans le port Mariel spécifiquement destinée aux investisseurs étrangers. Il s’agira, pour l’Amérique latine et les Caraïbes, d’un axe commercial important où sera stockée la production destinée à l’exportation. Le gouvernement cubain devrait par ailleurs approuver, à la fin du premier trimestre 2014, une nouvelle loi sur les investissements étrangers, loi qui s’avère être ouverte et pertinente.
Ces différentes mesures, saluées par les diplomates européens, offriront à Cuba de nouvelles opporturnités. Le diplomate en chef des Pays-Bas, Frans Timmermans, reconnaissant les changements positifs et importants réalisés, a affirmé que le moment était opportun pour l’Union européenne de se rapprocher de Cuba. L’ambassadeur de l’UE à Cuba, Herman Portocarero, est, de son côté, persuadé que Cuba joue un rôle essentiel quant au processus d’intégration en Amérique latine, via la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes.
Soulignons que l’Union européenne est le deuxième partenaire de Cuba en matière d’échanges commerciaux, après le Venezuela. La valeur des marchandises du vieux continent exportées vers Cuba est estimée à 2 milliards d’euros. 20% des importations cubaines proviennent de l’UE. Pour l’Europe où la crise de la dette publique et le chômage sévissent depuis des années, un tel marché est devenu plus que jamais nécessaire.
C’est donc du gagnant-gagnant. En normalisant leurs relations, l’UE trouvera sa place dans un marché prometteur et convoité alors que Cuba pourra profiter des relations avec les 28 pour élever sa position sur l’arène internationale./.