(VOVWORLD) - Le 16 juin 2020, la République populaire démocratique de Corée a fait exploser le bureau de liaison intercoréen situé à Keasong, une ville proche de la frontière avec la République de Corée. Cette destruction s’inscrit dans le cadre des représailles promises par le Nord contre l’envoi de tracts de propagande anti-Pyongyang par delà la zone démilitarisée.
La destruction du bureau de liaison de Keasong - Photo Yonhap
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Deux ans après le premier sommet Trump-Kim à Singapour, censé ouvrir la voie à une ère plus pacifique dans la région, les relations entre les deux Corées semblent au plus mal. Depuis le début du mois de juin, Pyongyang a multiplié les menaces contre Séoul notamment contre les transfuges nord-coréens qui, depuis le Sud, envoient au nord des tracts de propagande par-delà la zone démilitarisée. La semaine dernière, Pyongyang a annoncé la fermeture de ses canaux de communication politique et militaire avec «l’ennemi sud-coréen».
La destruction du bureau de liaison de Keasong survient après des menaces proférées le week-end dernier par Kim Yo-jong, la sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui a ordonné à l’armée d’intervenir.
Vingt ans, jour pour jour, après la déclaration du 15 juin convenue entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président sud-coréen Kim Dae-jung, le journal Rodong Sinmun a mis en garde Séoul contre les multiples représailles à son encontre. L’organe de presse du Parti du Travail de Corée a fustigé les autorités sud-coréennes pour leur inaction contre les envois de tracts, à l’origine de «la pire tension dans la péninsule». L’agence de presse nord-coréenne KCNA a considéré ces agissements comme une provocation à la guerre.
La République populaire démocratique de Corée a également critiqué l’administration américaine. Le 11 juin, son ministre des Affaires étrangères Ri Son-gwon a accusé Washington d’hypocrisie et de chercher à faire tomber le régime nord-coréen, affirmant que les espoirs de 2018 avaient viré au sombre cauchemar.
Après le deuxième sommet Trump-Kim à Hanoï en 2019, les deux camps ont été incapables de se mettre d’accord sur les concessions nord-coréennes en échange d’une éventuelle levée de sanctions internationales. Au moment où les négociations sur le nucléaire avec Washington sont à l’arrêt, Pyongyang chercherait, selon certains experts, à provoquer Séoul en multipliant les tirs de projectiles et en refusant les projets de coopération intercoréenne.
Pyongyang a aussi rejeté toutes les demandes de réconciliation proposées par Séoul. Le président sud-coréen Moon Jae-in avait proposé ce lundi au Nord de renouer le dialogue. Le ministre de la Réunification Kim Yeon-chul avait rappelé l’esprit de la Déclaration du 15 juin 2000 qui prônait l’autonomie, la paix et l’unification. De son côté, le comité des chefs d’état-major interarmées sud-coréen a réuni en urgence ses spécialistes de sécurité pour analyser les réactions nord-coréennes.
Particulièrement inquiets de ces nouvelles tensions, plusieurs pays ont appelé les deux camps à la retenue pour éviter un scénario dramatique.