(VOVworld)- L'Iran et les grandes puissances ont conclu mardi un accord historique mettant fin à douze années de tensions. Cet exploit qui revient au président américain Barack Obama et à son homologue iranien Hassan Rohani, devrait changer la situation au Moyen Orient.
La dernière séance plénière des négociations sur le programme nucléaire iranien, le 14 juillet à Vienne (Autriche). Joe Klamar / AP
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Conformément à cet accord, Téhéran s'engage à réduire ses capacités nucléaires (centrifugeuses, stock d'uranium enrichi...) pendant plusieurs années et à laisser les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique procéder à des inspections plus poussées. Le but est d’empêcher l'Iran de fabriquer une bombe atomique, tout en garantissant à Téhéran, qui a démenti toute visée militaire, le droit de développer une filière nucléaire civile. En échange, l'Iran bénéficiera graduellement de la levée des sanctions internationales adoptées depuis 2006 par les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU qui brident son économie. Si Téhéran respecte ses engagements, les premières sanctions pourront être levées à partir du premier semestre 2016. En cas de violation de l'accord, les sanctions seraient rétablies dans les 65 jours et cela pendant quinze ans.
Un triomphe diplomatique
Après douze ans de négociations et 17 jours de pourparlers acharnés, les négociateurs ont arraché à Vienne un compromis mettant fin à l'une des plus graves crises de la décennie. Immédiatement, Washington, l'UE, l'ONU ont salué un accord historique soulignant que c’était une victoire personnelle de Barak Obama et le retour de l'Iran sur la scène régionale et internationale. Cet accord permettra à la République islamique de redresser son économie en crise grâce à l’exportation de son pétrole. Pour les analystes, cet accord est l’oeuvre conjuguée des diplomaties américaine et iranienne sous la direction du président américain Barack Obama et son homologue iranien Hassan Rohani. Rappelons en effet que dès son investiture en janvier 2009, Barack Obama avait appelé l’Iran «à desserrer le poing». En choisissant de négocier avec l'un des plus puissants et plus farouches ennemis de l'Amérique, Obama avait fait un pari colossal. Mais il était convaincu qu’aucune sanction ne dissuaderait réellement Téhéran de construire la bombe atomique si elle ne s’accompagnait pas d’une tentative de dialogue et de compromis. Alors que son prédécesseur républicain considérait l’Iran appartenant à l’Axe du mal, Barack Obama est allé jusqu’à téléphoner, en septembre 2013, à son homologue iranien Hassan Rohani pour ouvrir les négociations. L’élection de Hassan Rohani à la tête de l’Iran, un homme politique beaucoup plus modéré que son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad a ouvert une nouvelle étape dans les relations avec Washington. Hassan Rohani suit depuis lors une politique plus souple et flexible vis à vis des Etats Unis.
Opportunités d’investissement
Bien qu’il ne soit pas encore effectif, cet accord a généré l’enthousiasme des investisseurs étrangers. En Chine, en Europe, en Russie, les entreprises ont tous salué cet accord. L’Iran qui possède la quatrième réserve mondiale de pétrole et la deuxième réserve mondiale de gaz est un marché prometteur pour les groupes pétroliers étrangers. Avec ses 77 millions d’habitants, qui ont été coupés du monde pendant près de 12 ans, l’Iran est aussi un marché gigantesque pour les détaillants. La Bourse iranienne devrait accueillir un flux d’investissements estimé à 1 milliard de dollars.
Une large coalition contre l'Etat islamique
L'accord trouvé sur le nucléaire iranien rend possible une "large coalition" au Moyen-Orient contre l'organisation État islamique. La normalisation de la situation avec l'Iran permet de résoudre toute une série de problèmes et conflits dans la région et aura une influence positive sur la situation dans son ensemble. Avec le soutien de Téhéran, le changement du régime en Syrie et la répression contre les rebelles houthistes au Yémen qui sont jusqu’à présents soutenus par la République islamique deviendront possibles.
Pour pouvoir entrer en vigueur, l'accord devra être ratifié par le Conseil de sécurité de l'ONU, une formalité qui devrait intervenir d'ici quelques jours. Quoi qu’il en soit, cet accord marque le grand retour de l'Iran dans la normalité internationale. L’important est de savoir comment les parties concernées profiteront de cette opportunité pour coopérer.