(VOVworld) - Le président américain Barack Obama a annoncé mardi qu’il avait bel et bien l’intention de fermer la prison de Guantanamo avant l’expiration de son dernier mandat à la Maison blanche, en janvier 2017, au risque de se lancer dans un nouveau bras de fer avec l’opposition républicaine.
Photo: Reuters
Ouvert en 2002 par George W.Bush dans la foulée des attentats du 11 septembre, ce camp de détention se trouve sur la base navale de la baie de Guantanamo, au sud-est de Cuba. Dans cette prison militaire de haute sécurité, sont détenus des individus suspectés de liens avec le terrorisme. Il n’y reste à ce jour que 91 détenus, mais, à son pic d’activité en 2003, le camp en a accueilli jusqu’à plus de 800. Symbole d’une atteinte aux droits de l’homme en raison de mauvais traitements et de détentions arbitraires, la prison de Guantanamo entache l’image des Etats-Unis, qui se veulent être les chantres de la liberté et de la démocratie. Barack Obama en avait promis la fermeture lors de son investiture en 2009, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait.
La fermeture de Guantanamo, une priorité pour la sécurité nationale
«Il s'agit de refermer un chapitre de l'histoire des Etats-Unis ». C’est ainsi que le président américain Barack Obama a voulu justifier la fermeture de la prison de Guantanamo, qu’il a jugée néfaste pour « la sécurité nationale » des Etats-Unis et contraire aux valeurs de l’Amérique.
« Guantanamo ne fait pas avancer notre sécurité, selon nos experts militaires. En plus, le camp est utilisé comme argument par la propagande terroriste », a poursuivi le patron de la Maison blanche, sans oublier de rassurer les Américains en précisant que l'exécutif avait identifié 13 sites sur le sol américain susceptibles d'accueillir les détenus de Guantanamo et que le coût total de ce transfert se situait dans une fourchette allant de 290 à 475 millions de dollars. Une somme importante, mais la fermeture de la prison pourrait, selon l’exécutif, permettre aux Etats-Unis d’économiser 85 millions de dollars par an.
Vive opposition des Républicains
Sans surprise, le projet a immédiatement suscité de vives réactions dans le camp républicain, et d’abord au Congrès, comme a tenu à le souligner le sénateur Mitch McConnell, chef du camp républicain à la Chambre haute. Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, a notamment affirmé qu’il ne risquerait pas « notre sécurité nationale pour une promesse de campagne » et que le transfert des détenus terroristes sur le sol américain était illégal. « Au lieu d’emprisonner les nouveaux terroristes, notre président entend relâcher les détenus et les transférer aux Etats-Unis », a renchéri le président républicain de la commission de la Sécurité intérieure de la Chambre des représentants Michael McCaul. A noter aussi que deux des candidats républicains aux présidentielles, Marco Rubio et Ted Cruz, ont quant à eux proposé d’élargir le camp de Guantanamo.
Les sénateurs républicains avancent comme principal argument les risques de récidive. Or, depuis l’ouverture de Guantanamo, 532 détenus ont été relâchés et transférés et le taux de récidive est passé de 20% sous le régime du président George W.Bush à 5% à l’heure actuelle.
Barack Obama a appelé le Congrès à examiner ce projet avec « honnêteté, même au beau milieu d’une année électorale ». Si le Congrès bloque tout mouvement, l’exécutif américain pourrait être tenté d’agir par décret. Reste à voir si le patron de la Maison blanche utilisera son pouvoir de président pour réaliser, enfin, l’une de ses plus anciennes promesses électorales.