Offensive turque en Syrie: une nouvelle guerre dans la guerre?
Hong Van -  
(VOVWORLD) - Une semaine seulement après avoir lancé une offensive contre les milices kurdes à Afrine, dans le Nord de la Syrie, la Turquie menace de l’étendre à d’autres régions. Cette intervention turque marque un nouveau tournant dans le conflit syrien qui y gagne encore en complexité.
Baptisée « Rameau d'olivier », l'offensive en question a été lancée samedi 20 janvier par l'armée turque, quelques jours après que Washington a décidé de créer une force frontalière de 30 000 hommes en Syrie. Cette force est constituée majoritairement de Kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), principal partenaire de la coalition internationale dans la lutte contre l’État Islamique, mais que la Turquie considère comme des « terroristes ». En fait, Ankara craint surtout que les Kurdes syriens n’en viennent à fonder une fédération auto-proclamée, comme l’on fait les Kurdes irakiens.
Une opération sensible
Depuis toujours, Ankara refuse la présence à sa frontière sud d’une fédération kurde auto-proclamée, craignant que les Kurdes de Turquie ne soient alors tentés de suivre l’exemple. Le président turc a d’ailleurs annoncé son intention d’étendre la bataille en cours à Afrine à d’autres régions kurdes telles que Minbej, tout cela au nom de la sécurité de son pays.
Cette offensive risque de tendre davantage les rapports entre Ankara et Washington : les Etats-Unis soutiennent en effet les Unités de protection du peuple pour combattre le groupe Etat islamique.
Un dialogue compromis
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les combats, et surtout les bombardements turcs ont déjà fait 28 victimes parmi les civils et obligé des milliers de personnes à quitter leur maison. La crise humanitaire qui secoue la Syrie s’en trouve par ailleurs aggravée.
Quant au dialogue national prévu à la fin de ce mois à Sochi, en Russie, il est forcément mis à mal par cette intervention turque. Les Kurdes ont été invités à y participer pour discuter de la nouvelle constitution et des élections qui seront organisées en Syrie sous la protection de l’ONU. «Il ne fait aucun doute que le rôle des Kurdes dans le processus ultérieur du règlement politique doit être garanti. C’est pourquoi des représentants kurdes ont été inclus dans la liste des Syriens invités au Congrès du dialogue national syrien», a confirmé le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov.
La tenue de ce congrès ne peut ni ne doit nous faire occulter la réalité : la guerre est loin d’être finie en Syrie. Sur place, les différentes factions en présence semblent plus pressées d’en découdre que de discuter entre elles.
Hong Van