(VOVworld) - Il y a cinq ans, à la mi-janvier 2011, une révolution démocratique éclatait dans plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Joliment appelée « printemps arabe », elle n’a toutefois pas permis de ramener la stabilité politique. Loin s’en faut. Ce qui reste de ce « printemps », ce sont des émeutes et des manifestations subversives aux conséquences imprévisibles.
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Photo: Katherine White |
Cinq ans après, force est de constater que le « printemps arabe » n’a donné aucun fruit que l’on pourrait qualifier de délicieux. Bien au contraire, il n’y a que des « fleurs toxiques » et des « fruits amers ». Les vents violents du « printemps arabe » ont dévasté des pays en voie de développement, voire assez prospères tels que la Libye, la Tunisie et la Syrie, y provoquant des crises profondes, autant politique et socio-économique que culturelle et sécuritaire. Des millions de personnes ont dû fuir leur pays.
Un séisme politique
Fin décembre 2010, l’auto-immolation d’un vendeur ambulant en Tunisie, qui avait choisi de protester ainsi contre la perquisition dont il avait été victime, amorçait une série de manifestations et d’émeutes dans tout le monde arabe.
Un mois après, le « printemps arabe » avait gagné la quasi-totalité des 23 pays et territoires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ce séisme politique a provoqué l’effondrement rapide des gouvernements yéménite, libyen, bahreinien… qui avaient pourtant duré plusieurs décennies. L’OTAN y a joué un rôle considérable, en menant une campagne de raids aériens en soutien aux rebelles libyens, laquelle s’est soldée par la mort du dirigeant Mouammar Kadhafi. Et tout comme en Libye, les changements de régime politique dans les pays touchés par le « printemps arabe » ont miné l’économie, divisé la société et entraîné des luttes meutrières pour le pouvoir. En Syrie, même si les émeutes n’ont pour le moment pas pu renverser le président Bachar al-Assad, elles ont allumé une guerre civile totale. La rebellion et la pression extérieure n’ont fait qu’accentuer les troubles auxquels aucune solution efficace n’a été trouvée.
Certes, une nouvelle page de l’histoire a été ouverte en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais la démocratie demeure un rêve inaccesssible. Et pour ce qui est de vivre en paix, là encore, on est loin, très loin du compte...
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Photo: tuyengiao |
Fleurs toxiques et fruits amers
Le printemps arabe a fait changer la donne géo-politique régionale. Alimentées par des forces extérieures, les émeutes et manifestations subversives continuent de déstabiliser cette région riche en ressources naturelles, au profit de quelques groupes d’intérêt. Et les victimes ne sont autres que des civils innocents.
En Syrie, la guerre civile a fait en cinq ans plus de 250.000 morts, provoquant la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Des millions de personnes ont dû abandonner leurs maisons pour chercher un refuge en Europe, cédant leur beau pays aux terroristes. Au Yémen, les différends politiques, religieux et ethniques ont dégénéré en conflits entre tribus. A cause de ces conflits interminables, les Yéménites doivent désormais dépendre des aides étrangères. En Egypte, le pays le plus peuplé du monde arabe, le renversement du président Hosni Moubarak a donné lieu à une crise sérieuse. Aujourd’hui, la situation s’améliore mais demeure extrêmement difficile. L’alimentation coûte cher, les impôts sont exhorbitants, le budget est déficitaire, 44% des étudiants diplômés sont au chômage. En Libye, après des années de guerre civile, un gouvernement d’union a été créé, mais une partie du territoire est tombé aux mains du groupe autoproclamé Etat islamique. Seule la Tunisie, pays d’origine du « printemps arabe », semble être épargnée par ses tornades violentes. Néanmoins, il a été victime de plusieurs attaques terroristes. Il reste par ailleurs le plus grand réservoir de militants pour l’Etat islamique.
Ces cinq dernières années auront donc été douloureuses pour les populations d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. La liberté et la démocratie restent des illusions alors que l’instabilité politique, les conflits meurtriers et la pauvreté sont monnaie courante. Sans doute le rêve le plus cher des populations qui se retrouvent plongées dans ce chaos est-il de retrouver une forme de stabilité pour pouvoir enfin, repartir de l’avant.