(VOVworld) – Les Vietnamiens ne sont pas les seuls à être indignés par la ligne de langue de bœuf dessinée par la Chine en mer Orientale. Plusieurs scientifiques internationaux, y compris des Chinois, ont aussi critiqué cette ligne en 9 tronçons. Récemment, un chercheur chinois, répondant au pseudonyme de Li Wo Teng, a publié sur Sina, le plus grand réseau social de son pays, un article intitulé « La ligne en neuf traits, à maintenir ou à éliminer ? ». L’auteur démontre l’irrationnalité de la revendication chinoise, en affirmant que la Chine ne peut revendiquer sa souveraineté, de façon arbitraire, sur ce qu’elle n’a jamais possédé.
« Carte des îles de la mer du Sud » élaborée en 1947 par les services compétents de la République de Chine après l’expédition de Lin Zun. La carte est dessinée et commentée à main. Elle précède la soit-disant « ligne en U » de nos jours.
(Photo : hudong.cn)
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La grande pomme de discorde en mer Orientale ne réside pas dans les disputes de souveraineté sur les îles, mais dans la ligne de langue de bœuf, autrement appelée la ligne en neuf traits. C’est ce qu’a constaté d’emblée Li Wo Teng, en estimant que les pays riverains de la mer Orientale ont chacun des arguments plus ou moins fondés sur leur souveraineté insulaire, à l’exception de la Chine qui ne peut en aucun cas justifier sa revendication sur cette ligne en neuf traits. Bien qu’omniprésente dans les discours des dirigeants chinois, cette ligne reste, pour eux, une notion floue. En effet, le gouvernement chinois ne possède aucun document original contenant une déclaration ou une définition précise de ce tracé en 9 tronçons, lequel a subi maintes modifications sur la carte chinoise. Ce qui montre, selon Li Wo Teng, qu’il n’a aucun statut juridique concret.
Ce n’est pas la première fois qu’on entend un chercheur chinois critiquer cette ligne en neuf traits. Li Wo Teng n’a fait que se joindre au concert contestataire existant. Récemment, le journal chinois « Nouvelles du monde » a publié un article intitulé « La guerre - une fausse illusion », rejetant en bloc cette revendication arbitraire de son gouvernement. « Ceux qui soutiennent la guerre ont le complexe du faible. Un autorespect faux et fragile ne peut garantir le succès et un bellicisme gratuit ne peut conduire qu’à des erreurs », peut-on lire dans cet article. Xue Li Tai, un chercheur et commentateur célèbre du journal électronique Phoenix de Hong Kong (de Chine), avait aussi mis en lumière 5 aberrations concernant la ligne de langue de bœuf. Tout d’abord, la Chine n’a fait qu’établir un tracé en 11 puis en 9 traits sur sa carte sans avoir délimité de frontière maritime avec aucun de ses pays voisins. Elle n’a rien fait non plus pour obtenir une reconnaissance internationale. Deuxièmement, jusqu’à ce jour, la Chine n’a pas précisé si ce tracé était une frontière nationale discontinue ou une ligne de démarcation maritime traditionnelle. Pékin n’a jamais donné de définition, ni de coordonnées géographiques de ce tracé discontinu. Comment voulez-vous qu’elle puisse convaincre les autres ? Toujours selon ce chercheur, si la Chine considère ce tracé comme sa frontière nationale, pourquoi pendant une longue période suivant sa réunification, le Vietnam a pu exercer sa souveraineté sur plusieurs dizaines d’îles, petites et grandes, dans cette zone, sans que les Chinois n’aient évoqué ce problème dans les échanges diplomatiques ?
Partageant cette argumentation, Li Linghua, un expert chevronné dans les questions maritimes et de droit maritime, estime que la Chine ne peut plus éluder la question posée par la communauté internationale sur la légitimité de sa ligne de langue de bœuf. Elle n’aura aucun autre recours que de se plier au droit international, en mer Orientale. Li Linghua, qui apprécie l’article « La ligne en neuf traits, à maintenir ou à éliminer ? » a une nouvelle fois appelé le gouvernement chinois à considérer, avec sérieux, la pétition de Li Wo Teng, l’auteur de l’article, pour éliminer sa revendication aberrante et ouvrir ainsi la voie au règlement définitif des litiges en mer Orientale.
C’est clair, pour peu qu’elle soit informée, la communauté internationale ne peut se laisser convaincre par les Chinois, leur revendication étant à la fois confuse et dépourvue de fondement juridique. En faisant de la mer Orientale l’une de ses « baies historiques », la Chine tente de tromper la communauté internationale qui pourrait croire que la ligne en neuf traits serait la frontière nationale maritime chinoise. Mais la vérité doit être respectée. Dans un monde globalisé, qui peut croire en des preuves confuses, tant sur les plans historique, juridique que scientifique ?