(VOVworld) - Fin 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté une résolution instaurant un cessez-le-feu en Syrie grâce à la médiation de la Russie, de la Turquie et de l’Iran. Dans la foulée, des négociations de paix devraient avoir lieu à la fin de ce mois-ci à Astana, la capitale du Kazakhstan. De prime abord, ce cessez-le-feu est un accord commun impliquant l’armée et les forces d’opposition syriennes, en plus les Russes, les Turcs et les Iraniens. Mais la réalité est bien plus compliquée. De nombreux observateurs estiment que les chances d’aboutir à quelque chose de concret sont minimes.
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Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie. Photo: TASS |
Sur le terrain, la trêve est sans cesse violée, les uns et les autres s’en rejettant mutuellement la responsabilité.
Des conflits ethniques interminables
« Nous ne voulons pas seulement la démission de Bachar al-Assad mais la fin de son régime », a déclaré Abu Mohammed, commandant d’une unité d’opposition au nord d’Alep, l’une des parties signataires de ce cessez-le-feu. « Si l’accord d’Astana nous oblige à faire la paix avec un régime responsable de la mort de 300.000 civils en faisant fi de la volonté du peuple syrien, nous reviendrons au front », a-t-il renchéri. Les forces d’opposition en Syrie, ce sont 80.000 militants, pour la plupart sunnites. Certes, les divergences sont nombreuses, mais tous partagent le même souhait : le départ du président Bachar al-Assad, la création d’un nouveau gouvernement et un partage plus équitable des pouvoirs au sein de l’Etat. En 40 ans de règne de la famille Assad et de gouvernements alawites, la Syrie a été dirigée par une minorité chiite, au détriment des sunnites, qui représentent pourtant plus de 70% de la population. Le futur accord de paix est sensé ouvrir la voie à une nouvelle élection présidentielle, mais il ne prévoit en aucun cas la fin du règne des alawites. Certaines sources prétendent que le président Assad pourrait se faire remplacer par un proche au profil moins « sulfureux ». D’autres affirment sans hésitation que le maintien des alawites est une condition posée par l’Iran, l’un des alliés indéfectibles du président syrien.
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L’évacuation d’Alep. Photo: AFP |
Une opposition vaste et diversifiée
De leur côté, les forces d’opposition sont nombreuses, 54 dans le Sud, 60 dans le Nord et l’Ouest. Certains groupuscules entretiennent des contacts avec la Turquie, cherchant à faire revenir dans le Nord de la Syrie des groupes armés kurdes, voire de l’organisation autoproclamée Etat islamique. Les différends entre ces factions rendent extrêmement fragile le cessez-le-feu. Et cela sans compter le rôle du front Fatah al- Cham, un mouvement extrémiste en lien avec Al Qaïda. Alors que les forces d’opposition syrienne affirment que ce front participe lui aussi au cessez-le-feu, l’armée syrienne et les médias russes prétendent le contraire. En réalité, Fatah al-Cham a toujours combattu aux côtés d’autres groupes d’opposition syrienne, au grand dam de la Russie et de la Turquie qui cherchent à isoler ce groupe extrémiste.
Malgré l’optimisme affiché par le président Bachar al-Assad quant aux perspectives ouvertes par les négociations d’Astana, de nombreux analystes politiques estiment que le cessez-le-feu proposé par la Russie, la Turquie et l’Iran ne va pas tenir, les protagonistes n’ayant pas vraiment envie de mettre fin à la guerre. Bien au contraire, chacun a des intérêts qui lui sont propres, et tant que ceux-ci resteront irréconciliables, la paix ne sera qu’un avenir lointain en Syrie.